Captif | Kaiser, Wolfgang

Captif 205 Captif Le captif est une figure emblématique de l’imaginaire européen de la Méditerranée à l’époque moderne et contemporaine. Le mot « captif » n’est pas synonyme d’« esclave » malgré l’apparente confusion rencontrée dans les sources, laquelle renvoie plutôt aux relations complexes entre captivité et esclavage. Le captif est un prisonnier de guerre qui attend d’être rendu à son maître ou souverain, ses proches, sa communauté dans un échange de prisonniers ou contre le paiement d’une rançon, précisés dans des actes notariés, des trêves, accords de paix euro- péens ou ‘ahd-nâme du sultan ottoman. Or l’esclavage reste ancré dans une culture de la guerre comprenant la sujé- tion de l’adversaire et est toujours d’actualité dans les guerres avec l’« infi- dèle ». Le rachat n’aboutit pas nécessairement à la liberté mais le cas échéant à la sujétion à un nouveau maître et à d’autres formes de condition servile. Si plusieurs langues européennes et l’arabe distinguent entre l’esclave et le cap- tif ( asir en langue arabe), c’est pour mettre en relief la finalité de ce dernier. Rendre le captif moyennant rançon peut être très profitable, en fonction des ressources qui sont mobilisées pour sa libération. Après les razzias terrestres ou la capture maritime, la première action est la séparation des captifs de valeur (de rescate ) des autres dont le destin dépend de leurs qualités et de l’élasticité de la demande de rachat. C’est une pratique partagée entre la péninsule Ibérique, le Maghreb, les îles de la Méditerranée centrale et orientale et les zones frontalières terrestres entre l’Empire ottoman et les terres des Habsbourg où l’on pratique à l’époque moderne la capture et la mise en esclavage dans le but de la revente contre ran- çon ou de la vente en esclavage. Les deux sont étroitement liées dans des socié- tés sur les deux rives de la Méditerranée qui pratiquent massivement l’esclavage, non seulement dans le service domestique mais dans l’agriculture et l’artisanat, en passant par les mines et les galères avec leur chiourme. La demande en esclaves noirs en Méditerranée était satisfaite depuis l’Anti- quité par la traite transsaharienne, relayée par la traite portugaise dans l’Atlantique

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