Braudel, Fernand | Crivello, Maryline

Braudel, Fernand 185 Braudel, Fernand (1902‑1985) L’historien Fernand Braudel joue un rôle majeur et fondateur dans le champ des études méditerranéennes, en particulier dans les domaines historique et géo- graphique. Son sujet de thèse aborde de façon classique, en 1923, l’étude de la politique méditerranéenne du roi d’Espagne Philippe II entre 1556 et 1598. Il l’oriente, en 1927, sous l’influence déterminante de Lucien Febvre, vers une approche particulièrement novatrice, en prise avec le renouvellement intellec- tuel de l’école des Annales. La Méditerranée, pensée comme un espace construit par des circulations sociales, économiques et politiques, devient l’acteur princi- pal de son œuvre. L’ouvrage publié en 1949 et issu de ses recherches prend alors le titre de La Méditerranée et le Monde méditerranéen à l’époque de Philippe II et demeure une référence historiographique incontournable du xx e siècle. Dès la première édition, l’essence même de l’unité de la mer Intérieure n’est pas identi- fiée comme un monde isolé ou tout simplement comme un intermédiaire entre trois continents, mais doit sa cohérence à une intégration de l’économie-monde européenne au tournant du xvi e siècle. Né en 1902 dans la Meuse, agrégé d’histoire en 1923, il enseigne durant dix ans en Algérie, au lycée de Constantine puis à Alger. Cette période algérienne, qui l’amène à inverser son regard depuis la rive sud, détermine les contours de cette Méditerranée que Braudel dit avoir aimée avec passion dans la préface de sa thèse. Claude Liauzu (1999, p. 182) démontre par ailleurs les influences d’auteurs tels que Gabriel Audisio, Louis Bertrand, Isabelle Eberhardt ou les historiens de l’Algérie française, dans sa formation intellectuelle initiale. De fait, Fernand Braudel consacre de nombreux articles à l’Algérie dans la Revue africaine , dans les années 1930, souvent peu connus et rassemblés dans l’ou- vrage, Les Écrits de Fernand Braudel. Autour de la Méditerranée (Éditions de Fallois, Paris, 1996), à l’exception de celui de 1928, « Les Espagnols et l’Afrique du Nord de 1492 à 1577 », cité comme un jalon de l’œuvre finale. En revanche, l’historien n’éprouve qu’un faible intérêt pour les débats et les combats liés aux décolonisations dans les années suivantes. Dans la seconde édition de sa thèse,

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