Biodiversité | Médail, Frédéric

Biodiversité 177 au niveau mondial. Cette biodiversité est tout d’abord le fruit d’histoires biogéo- graphiques complexes, façonnées par de nombreuses vicissitudes géologiques et climatiques. Située à la charnière entre trois continents, la Méditerranée bénéficie en outre de conditions environnementales très hétérogènes qui déterminent une grande diversité d’habitats et de paysages, auxquels les impacts variés et pluri­ millénaires de l’homme ont ajouté une complexité supplémentaire. Biodiversité marine et terrestre en Méditerranée La diversité taxonomique de la mer Méditerranée est globalement estimée à quelque 17 000 espèces, auxquelles s’ajoutent environ 630 espèces introduites. Les végétaux représentent 5 % de cette diversité avec 854 espèces, et les groupes d’animaux les plus représentés sont les crustacés (13,2 %), les mollusques (12 %), les annélides (6,6 %), les platyhelminthes (5,9 %) et les vertébrés (4,1 %). Parmi ces derniers, les poissons sont majoritaires avec 650 espèces. Selon les groupes taxonomiques, la Méditerranée contient de 4 à 18 % des espèces marines du globe et son taux d’endémisme moyen avoisine 20 %. Mais de telles inconnues pèsent sur les organismes microscopiques, procaryotes (bactéries et archées) et eucaryotes (protistes), que les estimations chiffrées demeurent bien hasardeuses… Les meilleures connaissances sur la distribution des espèces concernent les vertébrés, et des analyses récentes chez les poissons marins montrent que les trois niveaux de la biodiversité présentent des patrons géographiques découplés ; c’est-à-dire qu’il existe une faible superposition spatiale (congruence) entre les sec- teurs de forte diversité taxonomique, évolutive ou fonctionnelle (planches XX-XXII). Ainsi, les zones qui concentrent le plus de poissons (en particulier la rive nord-ouest) ne correspondent pas aux zones abritant une forte diversité fonc- tionnelle (golfe de Gabès en Tunisie) ou phylogénétique (rive sud-ouest). Ces résultats ont des implications fortes dans la mise en place d’aires marines pro­ tégées en Méditerranée, qui sont loin de couvrir les 10 % de surface prévus par la Convention sur la diversité biologique ( cdb ). Sur terre, la région biogéographique méditerranéenne (env. 2,3 millions de kilomètres carrés, voir planche XXIII) abrite une telle diversité spécifique qu’elle a été incluse aux 34 points-chauds de biodiversité terrestre du monde (tableau page suivante). Ainsi, environ 10 % des plantes à fleurs et des fougères du globe se rencontrent sur une aire méditerranéenne équivalente à seulement 1,6 % de la superficie terrestre mondiale. Estimée à 25 000 espèces ou 30 000 espèces et sous-espèces, la richesse floristique se concentre en deux pôles principaux, l’un occidental qui comprend la péninsule Ibérique et le Maroc, et l’autre oriental avec la Turquie et la Grèce. Les îles et les montagnes déterminent des secteurs

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