Bains | Buitelaar, Marjo

Bains 141 Bains « Qu’y a-t‑il de pire que Néron ? Qu’y a-t‑il de meilleur que les thermes de Néron ? », écrivit le poète Martial, dans la seconde moitié du i er siècle apr. J.‑C. (Brödner, 1983, p. 50). Un demi-siècle plus tôt, le philosophe Sénèque pré- sentait les bains publics sous un angle moins favorable et se plaignait du luxe et de l’agitation excessifs qui y régnaient (Yegül, 1992). En plus d’être révéla- teurs de différents goûts personnels, ces témoignages divergents sur les bains publics font également écho au revirement qui s’est produit dans la façon de considérer le corps à partir du moment où le mode de vie à la romaine a sup- planté celui des Grecs. Les bains publics en région méditerranéenne tirent leur origine des gymnases grecs, lieu d’entraînement à la fois militaire et athlétique où se retrouvaient les jeunes citoyens ayant une formation intellectuelle et artistique. Les tout pre- miers gymnases étaient équipés de bassins extérieurs ou d’installations de douches permettant d’effectuer des ablutions à l’eau froide. Vers le iii e siècle av. J.‑C., alors que l’idéal athlétique spartiate perdait de son prestige en faveur d’un mode d’éducation intellectuel, ces installations sommaires ont été remplacées par des bains d’eau chaude et des bains de vapeur. De plus, la popularité grandissante de l’hydrothérapie dans le domaine de la médecine a été à l’origine de l’ouver- ture de bains publics fonctionnant séparément des gymnases. À la fin du i er siècle av. J.‑C., le goût pour le confort personnel et les préoc- cupations en matière de santé ont entraîné la fusion de ces deux établissements. Dans la culture des bains romains, la gymnastique a été réduite à un préambule récréatif aux heures de baignade et de socialisation dans les bains publics ; ces derniers étaient, eux, censés ouvrir l’appétit en vue d’un festin, généralement somptueux, prévu pour le soir. D’ailleurs, à l’apogée de l’Empire romain, le bain et la toilette du corps étaient devenus indispensables pour tout individu souhai- tant montrer qu’il était civilisé. Les bains publics étaient des lieux de faste et de démonstration des prouesses technologiques en matière de contrôle de l’eau. Ils étaient donc de puissants symboles pour les empereurs et les gouverneurs locaux

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