Anis | Kazan, Rudyard

Anis 86 fabriqués souvent avec de mauvais alcools à haut degré et des produits toxiques, elle consentait à une fabrication comportant l’emploi obligatoire : – d’alcool à 45° maximum à raison de 0,25 cl d’impuretés par litre ; – de 2 g au plus d’essence d’anis par litre. Le rapport ajoute que « l’anis ne contient pas de corps toxiques ni de thuyone qui sont convulsivants, mais seulement de l’anéthole qui est un corps phénolé non convulsivant » (Mariller, 1951, p. 47). Comme l’affirme Sallé, le retour des anisés connut, en France, un grand suc- cès : « Boisson du Sud, boisson des vacances, qui commençait à prendre de l’im- portance avec les premiers congés payés, elle suscita l’engouement populaire, dès 1938, sous le nom de “pastis de Marseille”. C’était l’époque où Marcel Pagnol connaissait un grand succès avec les pièces méridionales, Fernandel devenait une vedette. Tino Rossi arrivait sur les ondes avec dans sa voix tout le charme des pays méditerranéens. » (Sallé, 1986, p. 79.) Interdits par le gouvernement de Vichy, les spiritueux anisés seront réta- blis en 1944 pour occuper aujourd’hui la première place des alcools consom- més en France. De l’autre côté de la Méditerranée, l’anisette espagnole, qui ressemble au pas- tis, était très appréciée en Algérie. En effet, quand l’absinthe fut interdite, cette boisson fut la plus prisée par les Européens d’Afrique du Nord. Comme l’écrit à juste titre Albert Camus, dans son récit L’Été , « les Français d’Algérie sont une race bâtarde, faite de mélanges imprévus. Espagnols et Alsaciens, Italiens, Maltais, Juifs, Grecs enfin s’y sont rencontrés » (Camus, 1971, p. 127). Ainsi, il ne serait pas faux de penser que l’anisette constituait un dénominateur commun pour toutes ces communautés. Camus décrit la diversité de la vie à Alger en recommandant au voyageur « d’aller boire de l’anisette sous les voûtes du port, de manger le matin, à la Pêcherie, du poisson fraîchement récolté et grillé sur des fourneaux à charbon ; d’aller écouter de la musique arabe dans un petit café de la rue de la Lyre » ( Ibid ., p. 129). Xavier Huetz de Lemps affirme que dans les « villes on se réunissait au café, dans le “bled”, les colons se retrouvaient au “ventorillo” pour la déguster tranquillement. Dans certaines villes comme Sétif, les Juifs buvaient eux aussi l’anisette mais dans des bars particuliers, pour éviter les propos antisémites habituels. On trouvait donc des bars chrétiens, des bars juifs, des cafés arabes » (Huetz de Lemps, 2001, p. 408). On peut se don- ner une idée de l’atmosphère d’un bar européen d’après un roman, La Cina de Louis Bertrand, cité par Huetz de Lemps : « Dans un banal “bouchon” Au Débrouillard , l’heure de l’absinthe rassemble la foule des travailleurs agricoles, des artisans et des ouvriers : Alsaciens, Corses, Gascons, Bretons, Italiens, Espagnols, Grecs et Maltais, tous réunis, mènent grand tapage. Chaque communauté se plaint amèrement des autres ethnies. » (Ibid . )

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=