Alchimie (Antiquité) | Viano, Cristina

Alchimie 60 grecs ( cmag ), dans la perspective d’une nouvelle édition plus complète et rigou- reuse des textes. Cette entreprise a été inaugurée en 1981 à Paris, par Les Belles Lettres, avec la série des « Alchimistes grecs ». Outre l’approche historique et éru- dite qui vise une évaluation globale, fondée sur la critique textuelle et la contex- tualisation des auteurs, il existe d’autres approches partielles, qui privilégient des aspects particuliers, comme, par exemple, la psychologie (Carl Gustav Jung) et l’histoire des religions (Mircea Eliade). Paradoxalement, ces interprétations savantes ont souvent contribué à privilégier le versant irrationnel et mystique de l’alchimie et à favoriser l’approche la plus facile, et également la moins rigou- reuse, celle de l’hermétisme contemporain, qui considère l’alchimie de manière totalement acritique, comme une révélation héritée des civilisations anciennes et transmise par voie d’initiation. Sources Nos sources sur l’alchimie grecque sont constituées essentiellement par la tradi- tion manuscrite et les témoignages donnés par les alchimistes eux-mêmes ; très rares sont les témoignages anciens extérieurs au corpus alchimique. Les ouvrages des alchimistes gréco-égyptiens nous ont été transmis par deux recueils sur papy- rus datant du iii e siècle apr. J.‑C. environ, et conservés respectivement à Leyde et à Stockholm, et par un vaste corpus constitué à l’époque byzantine et conservé par un grand nombre de manuscrits dont le plus important et le plus beau est le Marcianus Graecus 299 (x e ou xi e siècle), qui appartenait à la bibliothèque du cardinal Bessarion (xiv e siècle). Il s’agit essentiellement d’une littérature fragmen- taire, d’extraits et de citations croisées. Les témoignages externes sont rares ; c’est seulement au v e siècle que Proclus et Énée de Gaza parlent de l’alchimie comme d’une pratique contemporaine visant à produire de l’or à partir d’autres métaux. Les chroniqueurs byzantins parlent d’une destruction des livres « sur la chimie de l’or et de l’argent » ordonnée par Dioclétien dans le but de couper aux Égyptiens une source de richesse et de les empêcher ainsi de rivaliser avec les Romains. Les textes et les auteurs Selon son développement progressif, on divise la littérature alchimique grecque en trois parties. La première compte les recettes chimiques des Phusika kai mustika , attribuées au Pseudo-Démocrite (i er -iii e siècle apr. J.‑C.) et des papyrus anonymes de Leyde et de Stockholm (vers iv e siècle apr. J.‑C.). Ces recettes portent sur l’imitation de l’or, de l’argent, des pierres précieuses et de

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