Al-Andalus | Echevarria, Ana

Al-Andalus 55 Ibérique et le réveil des puissances italiennes, en particulier Gênes. Ces commer­ çants exportaient de la soie, du lin, du cuivre, des perles, de l’huile, du blé, du poivre, du sucre et de la cannelle. Le commerce du luxe, quant à lui, s’intensifia grâce à la demande de la cour : esclaves noirs et slaves, ivoire pour les œuvres d’art, soie et or soudanais qui cir- culaient par la route Sijilmassa-Fès-Ceuta, aux mains des Zénètes, alliés des Omeyyades. À leur tour, ces produits étaient susceptibles de transiter par les ports andalous et maghrébins pour être transportés vers les comtés catalans et l’Italie, et on y fabriquait également des imitations de qualité censées provenir d’Orient. Les textiles andalous arrivaient jusqu’en Égypte. La question de l’af- flux d’or nord-africain vers al-Andalus par le détroit a donné lieu à des théories divergentes quant à l’importance de ce trafic. De façon générale, les chercheurs français soutiennent que la conquête de la zone de Sijilmassa fut fondamentale pour l’économie andalouse et que les revenus de son commerce remplirent de nouveau les caisses des Andalous. Les caravanes qui sillonnaient les chemins du Sahara pouvaient transporter le précieux métal, en lingots ou déjà frappé, jusqu’aux ports de Tahart, Ceuta, Assilah et Tanger, pour qu’il fût embarqué vers al-Andalus. Mais le trafic de passagers entre les deux rives de la Méditerranée en carabos (qârib/qawarib) représentait peut-être la source la plus importante de revenus. On voyageait entre al-Andalus et l’Orient pour des raisons diverses, et pas tou- jours liées à la politique (ambassades, asile politique et espionnage, principale- ment) ni au commerce. Les pèlerinages à La Mecque et dans d’autres sanctuaires ainsi que les voyages de formation étaient permanents, et apparaissent tout par- ticulièrement dans les dictionnaires biographiques des oulémas, formés dans les meilleures écoles d’Orient et d’Occident, puisque les voyages étaient effectués dans les deux sens. Le parcours de formation des oulémas comprenait une étape considérée comme fondamentale, celle du voyage d’études dans les principales cités orientales en Égypte, dans la péninsule Arabique et en Irak, et nombreux étaient ceux qui finissaient par s’y installer. Le fruit de ces voyages fut la trans- mission des écoles orientales de droit dans al-Andalus, celle du savoir classique ou encore l’apparition de la rihla comme genre littéraire. La contribution d’al-Andalus à l’art et au patrimoine de la Méditerranée a ainsi été conditionnée par sa position géographique à l’extrémité de la Méditerranée occidentale ; elle n’a pas empêché l’influence des modes orientales, mais a contri- bué au développement d’un langage artistique propre. Le raffinement de l’art andalou, chanté par les poètes de l’ensemble du monde musulman, a produit des œuvres telles que la Grande Mosquée de Cordoue, avec ses arches superposées bicolores, ses panneaux d’ornements végétaux et ses couleurs uniques, ou la ville palatine de Medina Azahara, un complexe qui sera plus tard imité par les rois

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