Al-Andalus | Echevarria, Ana

Al-Andalus 56 des taïfas dans leurs territoires respectifs. L’architecture andalouse s’étendit au Nord de l’Afrique sous la dynastie almoravide, mais c’est à l’époque almohade qu’elle connut son véritable âge d’or, notamment lors de la construction de la Grande Mosquée de Séville, avec son minaret la Giralda, sœur de la Koutoubia de Marrakech et de la tour Hassan à Rabat. Finalement, sous la dynastie nasride (1232-1492), la construction du palais et de la forteresse d’al-Hamra’, ou de la madrasa de Grenade, servit d’inspiration pour des palais et des œuvres pieuses construits par la suite par les sultans nord-africains. Les arts du livre et les objets de luxe (ivoires, soies, etc.) étaient exportés aussi bien vers les royaumes chré- tiens voisins que vers le reste du monde musulman, où ils furent également dif- fusés comme alternative à des produits orientaux plus chers. À partir des années 1480, la migration des Andalous vers la rive méridionale du détroit de Gibraltar fut renforcée par la conquête de Grenade par la Castille puis, des années plus tard, par les politiques de conversion forcée et d’assimila- tion des musulmans restés dans la péninsule Ibérique, les morisques, jusqu’aux dernières vagues constituées par leur expulsion entre 1609 et 1614. L’impact de la culture andalouse se fit ainsi sentir depuis le Maghreb occidental jusqu’au cœur même de l’Empire ottoman. Pendant ce temps, il s’est produit, dans les anciens territoires d’al-Andalus, un effacement systématique de la mémoire anda- louse, dû à la superposition d’une idéologie de « reconquête chrétienne », qui perdura jusqu’à pratiquement la fin du xx e siècle dans la plupart des anciennes cités islamiques. Avec la mise en place de systèmes de gouvernements autonomes à partir de 1978, l’Andalousie voudrait retrouver son identité spécifiquement dans le passé musulman, qui lui conférait une certaine originalité par rapport au reste de l’Espagne. Cette quête d’une certaine continuité entre Andalusí et Andalou s’est exprimée à travers l’implantation de groupes néo-musulmans dans plusieurs des villes antiques d’al-Andalus, ainsi qu’une prise de contact avec l’autre rive de la Méditerranée, afin de renforcer les relations politiques, sociales et communau- taires. De l’autre côté du détroit, cela a produit un effet de miroir et l’on observe au Maroc la naissance d’une identité morisque, qui apparaît clairement dans le préambule de la Constitution de 2011, lequel redéfinit l’identité marocaine en y incorporant l’affluent méditerranéen. Ana Echevarria ➤➤ Architecture, bazar, captif, cartographie, colonisation, corail, course, échanges commerciaux, esclavage, Ibn Khaldûn, madrague, marranes, migration,

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