Al-Andalus | Echevarria, Ana

Al-Andalus 50 conquit la forteresse et fit donc perdre une enclave importante pour la naviga- tion et le ravitaillement des flottes omeyyades en Méditerranée. L’émirat andalou de Crète, conquis entre 821 et 844 à l’occasion de la révolte de Thomas le Slave dans l’Empire byzantin, dura jusqu’en 961, année de la conquête de l’île par l’armée byzantine de l’empereur Nicéphore II Phocas. Les émigrants andalous, dont la capitale était Jandax, se consacrèrent à l’ar- tisanat, à la course et surtout à un commerce actif avec le port d’Alexandrie, et dans une moindre mesure avec ceux de Corinthe et d’Athènes. Le fait de savoir si ce commerce provenait directement d’al-Andalus ou s’il s’effectuait dans le cadre d’une brève domination de la ville d’Alexandrie fait encore aujourd’hui l’objet de débats. Pendant ce temps, les îles de Dia, Christiana, Ios, Santorin, Pharos, Naxos, Elafonissos, Égine, Neon et peut-être Cythère étaient sous son contrôle direct ou lui versaient un tribut en échange d’une protection. Même si l’émirat reconnaissait officiellement le calife abbasside, il maintenait des liens commerciaux et culturels étroits avec al-Andalus, comme le montre le nombre de jurisconsultes andalous qui passaient par l’île lors de leurs voyages de formation. Jusqu’au début des incursions vikings au milieu du ix e siècle, al-Andalus ne disposait pas d’une marine à proprement parler, mais mobilisait des embarca- tions individuelles pour le transport de troupes lorsque cela était nécessaire. Les spécialistes associent le début de la flotte andalouse et d’autres mesures de sur- veillance de la côte, mises en place par ‘Abd al-Rahmân II, à ces attaques. On cite en 849 une flotte omeyyade de 300 navires dans les Baléares, destinée à réin- tégrer les habitants des îles dans le pacte établi avec l’émir. Puis il est également fait mention des difficultés rencontrées par les Vikings pour lutter contre la vigi- lance côtière mise en place par cette flotte. La construction de tours de vigie et l’embauche de cavaliers eut une conséquence tout aussi fondamentale : l’instal- lation dans la zone de Ba jj âna (Pechina) de groupes d’Arabes yéménites. Quand, quelques années plus tard, leur flotte s’associa à un groupe de marins originaires de Ténès, lesquels finirent par gouverner la ville et fondèrent le port le plus important du littoral oriental de l’émirat-califat andalou. L’autogouvernement de la ville, reconnu par l’émir, et la sécurité de la zone en firent un pôle d’attrac- tion. De même, des marins andalous s’installèrent à Ténès et à Oran, qui ser- vaient ainsi de points de contact sur la côte sud. À partir du règne de ‘Abd al-Rahmân III, la politique navale fut radica- lement différente de celle de ses prédécesseurs, puisque les décisions étaient prises directement depuis Cordoue. La réorientation des intérêts navals des Omeyyades en Méditerranée fut fortement liée à la menace que représentaient les Fatimides depuis les ports tunisiens et siciliens. L’amirauté était dirigée prin- cipalement depuis Algésiras, fortifiée pendant le califat de ‘Abd al-Rahmân III,

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