Al-Andalus | Echevarria, Ana

Al-Andalus 48 Al-Andalus Depuis sa conquête et son intégration dans le Dâr al-Islâm (711) jusqu’à la chute de Grenade (1492), al-Andalus a toujours eu le regard tourné vers son centre politique en Orient. Le lien avec ses frères dans la foi passait forcément par la Méditerranée, et al-Andalus a longtemps favorisé son accès à la mer, au point même que Nevill Barbour (1970) en vint à attribuer la chute de l’Islam dans la péninsule Ibérique à la perte de son hégémonie maritime. Le nom d’al- Andalus recouvre une réalité changeante, qui se manifeste sous la forme de diverses entités politiques, depuis son rôle de province d’empires étrangers – Omeyyades de Damas, Almoravides ou Almohades – jusqu’à des formes éta- tiques articulées autour de centres de pouvoir dans la péninsule, comme l’émi- rat et le califat de Cordoue, les taïfas et le sultanat de Grenade. Ces entités, par leur nature même, sont liées ou étendent, chacune, leur pouvoir au-delà de la Méditerranée de façons différentes. Les identités transméditerranéennes des Andalous se sont forgées à travers des réseaux clientélistes et des généalogies, réelles ou inventées. Les facteurs de continuité et de rupture vis-à-vis du passé romain de l’Antiquité tardive et wisigothique étaient communs à ceux des autres peuples méditerranéens qui avaient fait partie des mêmes unités politiques dans l’Antiquité. Les attaques ponctuelles sur la côte de la péninsule Ibérique, avant sa conquête par les musulmans, montrent une dépendance vis-à-vis des bateaux et des marins nord-africains installés depuis les bases récemment créées dans le Nord de l’Afrique pour combattre la flotte byzantine (vii e siècle). Le faible intérêt de la péninsule pour la politique antibyzantine, jusqu’à cette période, explique peut-être le refus initial du calife omeyyade d’étendre son territoire jusqu’à la limite même de la Méditerranée. Durant la première période de domination islamique, alors qu’al-Andalus était devenue une province du califat omeyyade de Damas (711‑750), la Méditerranée servait forcément de lien entre les walis (gouverneurs), les nouveaux colons et leurs territoires d’origine, fussent-ils nord-­ africains ou situés au Proche-Orient. À cette époque, les navires sur la côte est

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