Agronomie | Fenech, Jean

Agronomie 38 (vers iii e ou ii e s. av. J.‑C.) qui inspira aussi les Romains. On peut parler d’agro- nomie avec les traités arabes du Moyen Âge, qui reprennent en partie ces prédé- cesseurs et y adjoignent des observations et théories : Ibn Wahshiyya au x e siècle avec l’ Agriculture nabatéenne , à l’origine en syriaque, repris, commenté et aug- menté notamment par les agronomes andalous Ibn al-Banna, Ibn al-‘Awâm (xii e s.). Le Turc Hadji Kalfa cite à ce sujet les travaux d’Aristote. Le caractère particulier du climat est à l’origine du développement et du per- fectionnement de l’irrigation. Il faut retenir, capter et stocker l’eau pour la saison sèche et l’amener aux plantes : conduites souterraines (foggaras, khettaras) ou aériennes (aqueducs), machines élévatrices (chadoufs, norias à traction animale ou hydraulique), bassins de rétention, canaux de distribution, outils de contrôle (astrolabe, niveau à plomb, clepsydres pour le partage des débits), et une régle- mentation complexe des droits liés à l’eau dont l’application la plus pérenne est le Tribunal des eaux de Valence. La particularité du climat oblige à tenir compte du cycle annuel des pluies, des semis trop précoces ou trop tardifs étant voués à l’échec. L’agronomie anda- louse a popularisé l’usage des calendriers agricoles, complétant les calendriers syriaques et grecs qui jouissaient jusque très récemment d’une grande popularité autant auprès d’agriculteurs traditionnels que de certains agriculteurs moder- nisés. Il faut noter que ces calendriers, de type solaire (alors que le calendrier musulman est lunaire), sont des calendriers juliens (celui-ci utilisé depuis envi- ron 46 apr. J.‑C.), actuellement en retard de quatorze jours sur le calendrier gré- gorien en usage depuis 1582. La Méditerranée, zone d’échanges, a répandu les arbres fruitiers du Sud-Caucase, le pommier, le prunier, le cerisier, le poirier, l’abricotier, importé d’Asie la canne à sucre et les agrumes, d’Afrique subsaharienne le melon et acclimaté les plantes américaines, notamment le haricot, la tomate, le piment, le poivron et le coton. Le développement agricole et démographique du Nord de la Méditerranée au Moyen Âge réduit drastiquement l’avance intellectuelle de l’Andalousie, de Rome, de Damas et de Constantinople dans l’espace européen. Les peuples du Nord, Francs, Normands, Slaves, Germains, mais aussi les Lombards, les Vénètes, les Ottomans prennent le contrôle politique et économique de l’espace médi- terranéen, et les progrès de l’agriculture et de l’agronomie se font désormais en dehors de son berceau. On redécouvre au Nord les rotations, la fertilisation, on perfectionne les instruments aratoires, on améliore les variétés adaptées à un cli- mat océanique tempéré. Le Sud reste un conservatoire de l’agriculture tradition- nelle et maintient les techniques ancestrales – notamment d’irrigation. Dès la fin du xviii e siècle, au Nord, le développement des sciences chimiques, physiques et biologiques est appliqué à l’agriculture et conduit à la naissance de l’agrono- mie moderne. La recherche en agronomie méditerranéenne se concentre alors

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