Paul Decaux : Le soldat, almanach pour 1901

- 94 - chaque arbre, chaque buisson, sa foi vive lui montrait un ange gardien, et quand il ent~ndit de droitt: à gauche l'écho lointain des fusils arabes, il n'eut poiut peur parce qu'il était armé de charité. « Qui vive... 't" crient tout à coup les blauches vedettes de la plaine et de la montagne. L'abbé se couvre du signe de la croix, :t l'interprète ré– pond en langue arabe : « Homme de prière!. .. Où vas-tu? - Chez Abd-el-Kader, le grand émi~ ... - Que veux-tu de lui? - Délivrance des captifs de la guerre, arabes ou chré· tiens, enfants de Die,::. - Passe en paix, homme de bien : que Dieu et son pro– phète te conduisent et te ramènent . n L'intrépide missionnaire ne savait pas encore que te mé– decin et le pi·ètre, fussent-ils mêmo de race ennemie, sont vénérés chez ce peuple antique, et préservés de ses ven– geances. L'hospitaliLé l'escorta de tribu en trilm malgré le trouble et l'irritation des esprils. Les guerriers, aux yeux sombres, abaissaient leurs armes en le saluant d'un sourire; les vieillards le faisaient asseo it: au milieu d'eux pour l'honorer, et les femmes, par un tou– chant instinct, lui apportaient à bénir leurs petits enfants. Ce fut loin, bien loin vers l'ouest, après marches et contre– marches à travers monts et forêts sans habitations et sans routes, qu'il parvint à rejoindre Abd-el-Kadcr, campé sL;r des collines sauvages, entre la forteresse de Takdimt et sa ville de Mascara. La confiance de l'évêque et le courage du jeun e prètrn buchèrent le cœur du grand chef arabe et, après les té– moignages publics de bienveillance envers l'homme de pi·ù!re, http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr Corpus | Trésor de la médiathèque

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=