Paul Decaux : Le soldat, almanach pour 1901

- 56 - Ocultés devenaient sérieuses et les dangers menaçants. Aux plainrs avaient fait suite les montagnes boisées, les gorges et les ravins profonds propres aux embuscades où excellaient les Kabyles. Il fallait avancer lentement en maintenant en arrière des communications souvent très dificiles. L'ennemi lonjours invisible et cependant toujours présent courait autour de la colonne comme une bande de loups trop fai– Lles ou trop lâches pour attaquer en face, attendant l'isole– ment d'un détachement pour le cerner et l'écraser sous Je nombre. C'était le g~néral Bedeau qui dirigeait, avec sa compé– tence de vieil Algérien, la pénétration dans les montagne,; irn:xlricables de !'Aurès. Il avait confié le service d'avant– garde au 61° régiment d'infanterie et, en particulie r, à la compagnie du capitaine Valetle, parce qu'il avait foi dans la bravoure et dans l'initiative de cet officier, fils d'un de ses amis d'enfance mort colonel sur celte terre d'Afrique. De fait, il n'y avait pas plus trave compagnie que la deuxième dn premier, toujours alerte, toujours prête an combat, par– faitement disciplinée, aimant se~ chers de cet amour irrai– sonné de soldat qui a confiance jusqu'à la mort dans l'auto– rité de ceux qui sont chargés de le conduire. Parmi les sous-officiers, il en était deux qui se distinguaient par leur intelligence et leur bravoure. Nés dans le même petit village perdu ·au .milieu des montagnes du Limousio, fils de pelits paysans pauvres, mais honnêtes et chrétiens, Cordelet et Gaillot, s'étaient senti de bonne .heure une voca- . tion irrésistible pour le métier des armes. Laissant à leurs frères plus âgés le soin d'aider leurs parents dans le travail de la terre, ils s'étaient engagés ensemble pour sept ans au régiment de Limoges. Du même âge, unis dès l'enfance par l'intimité de l'école et de la vie des champs, ils s'étaient liés encore d'une amitié plus étroite http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr Corpus | Trésor de la médiathèque

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