Paul Decaux : Le soldat, almanach pour 1901

54- envoya deux cents de ses partisans, sous le costume des ha– bitants de Damas, demander asile dans la citadelle. Ils avaient ordre, aussitôt qu'on commencerait l'attaque de l'habitation de l'émir, de se précipiter chez le gouverneur, de Je massacrer, de s'emparer des canons et de bombarder le quartier musulman. On n'eut heureusement pas besoin d'en arriver à cette exlrémiLé. Prévenu indirectement par un des consuls, le chef des Druses, Asaad-Amer, accourait avec quinze cents cavaliers se mettre à la disposition des chrétiens. Cette soudaine intervention arrêta les massacres. Trois jours après, un nouveau gouverneur arriva avec trois mille soldats pour ré– tablir l'ordre. Le drame sanglant était fini. Neuf mille chré– tiens y avaient trouvé la mort, mais plus de quatorze mille devaient la vie à la protection d'Abd-el-Kader ! En récompense de cette belle conduite, Napoléon Ill accorda à l'émir la grand'croix de la Légion d'honneur qu'il porta sur sa poitrine jusqu'à sa mort, en 1879. Il avait bien mérité cette distinction. Ce grand chef, qui avait été notre ennemi le plus redoutable en Afrique, avait su donner à toute la chrétienté le spectacle grandiose d'un adversaire généreux reprenant l'épée dans sa retraite pour la mettre à la défense de ceux qui l'avaient combattu autre– .fois et au service d'une religion qui n'était pas la sienna ~ La croix d'honneur française était bien placée snr la poi– trine du vjeux lion de l'Algérie! Les deux sergents. C'était en 184'5, au moment où se poursuivait avec achar– nement la lutte pour la conquête définitive de notre belle colonie d'Algérie. Plus on pénétrait vers le sud plus les dif- http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr Corpus | Trésor de la médiathèque

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