Paul Decaux : Le soldat, almanach pour 1901

-42- prendre la natation et surtout la confiance. On hésitera longtemps, et on le comprend, à se jeter botté, casqué et tout armé à l'eau. Mais le soldat français est brave, et quand il aura vu qu'avec du sang-froid il peut très bien tenter l'entreprise, il sera le premier à la renouveler dès qu'il aura l'occasion. Aux chevaux, s'il n'est pas utile d'apprendre à nager, puisqu'ils le savent d'eux-mêmes, il faut leur ap– prendre à triompher de la peur. Cela est d'autant plus difü– cile que l'animal est bête, et qu'il est impossible de lui faire comprendre qu'il s'en tirera avec du calme. On y arrive ce– pendant par des exercices répétés. Bien qu'on ait déjà réussi à l'aire passer des rivières par des chevaux portant leur cavalier, il est probable qu'on ne se servira guère de ce mode de passage. Ce peut être un moyen individuel pour certains hommes ou certains che– vaux. l\Iais c'est un moyen dangereux : si le cavalier, soit par effroi, soit pour toute autre cause, se suspend aux rênes du cheval, il s'expose à voir sa monttire relever 1-a tête et couler à pic avec lui. On préférera toujours les autres sys– tèmes, où les hommes passent à ,sec et les chevaux à la nagP. Voici comment on opère dans ces cas.là. Le système le plus simple et le plus expéditif est celui d'un radeau formé avec des sacs. Les sacs à distribution, dits sacs cachou, qui sont le garde-manger des hommes et des chevaux, sont bourrés de matières légères : paille, foin, feuilles sèches, puis soigneusement ficelés. Ils forment ainsi d'énormes sau– cissons qui sont d'excellents flotteurs. Sur une douzaine de ces sacs on fixe des planches, si on en trouve, des lattes, des lances, des perches, bref, tout le bois qu'on peut avoir sous la main, et, au bout d'un quart d'heure, on dispose d'un :~adeau qui peut transporter douze hommes tirés de la rive par des cordes ou ramant. Là-dessus, on peut emporter les 1 http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr Corpus | Trésor de la médiathèque

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