Paul Decaux : Le soldat, almanach pour 1901

- 38 - « Mon colonel; c'est Monseigneur qui veut parler à mon colonel. - C'est bon. Dis-lui qu'il a le temps d'attendre. Il est là pour ça.» Et le fidèle soidat s'acquitte consciencieusement de sa mission.Dix minutes·s'éconlent; nouveaux coups, non moins discrets, à la porte du colonel. a Encore! ... C'est assommant, à la fin! - Mon colonel, c'est Momeigneur qui demande si .mon colonel ne l'a pas oublié. - Ah! bien; il a un riche toupet, cet.animal-là. Dis-lui qu'il m'embête... - Bien, mon colonel. » Un quart d'heure s'écoule ... Même jeu. « l\fon colonel, c'est Monseigneur... - Écoute... Tu vas rentrer au quartier, et Monseigneur avec toi; je vais vous donner un mot pour le sergent de garde, et il vous fourrera tous les deux à la boîte... Ça, mon colonel, j'oserai jamais! ? ... i\ioi, oui; mais Monseigneur... Non; ça, jamais! Comment, espèce de poule mouillée, tu n'oseras pas faire coffrer ton camarade avec toi'?... - Mais, mon colonel, c'est pas mon camarade, c'est pas Monseigneur, c'est le vrai Monseigneur, le nouveau curé en chef, quoi !. .. - Imbécile !... Et tu lui as dit... ? - Tout.. ., mon colonel. - Très bien... Tu vas me faire une jolie réputation dans le monde ecclésiastique; me voilà obligé de faire des ex– cuses plates à l'épiscopat. Tu me le payeras... » Et le colonel s'élança dans la salle voisine, qui constituait le salon d'honneur de son appartement de garçon. http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr Corpus | Trésor de la médiathèque

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