Paul Decaux : Le soldat, almanach pour 1901

-18- reçu l'ordre de se replier au cas où il serait attaqué par des forces trop considérables. A l'annonce de l'ennemi, il crut bon d'exécuter cet ordre. Mais que faire des blessés? On ne pouvait s'en embarrasser dans une marche rapide. Il se résigna à les laisser à Mon– calvo et donna ses instructions à Sans-Soucy, le plus haut gradé de l'hôpital. " AV'ec les hommes assez valides pour se ser vir de leurs fusils, lui dit-il, vous résisterez aux coureurs ennemis qui pourraient maltraiter les malades. Mais vous vous rendrez prisonniers de guerre au premier officier qui se présentera à la tête d'un détachement constitué. » Cette perspective ne plaisait pas du tout au brave Sans– Soucy. Il n'était pas d'humeur à se rendre comme cela sans bataille. Il réunit ses compagnons : « Voyons, mes amis, leur dit-il; nous avons fusils et car– touches. Ne voulons-nous pas faire une toute petite résis– tance, pour deux liards de défense? » Tous s'écrièrent en chœur qu'ils étaient prêts à combattre sous les ordres du brave sergent, dont la gaieté impertur– bable avait conquis tous les cœurs; et, en quelques instants, tous, à l'exception des plus éclopés, furent debout pour or– g·aniser la résistance. Les anciennes meurtrières du château furent dégagées. Devant la porte principale on creusa à nouveau le fossé qui s'était comblé avec le temps. Sur diffé– rents points on disposa des abattis. Enfin, une vieille pièce de fer, abandonnée depuis un siècle dans une des cours, fut hissée sur l'une des plates-formes. Quelques jours passèrent. Pendant ce temps, l'armée française, battue, continuait à se replier; elle était déjà à · plus de vingt lieues de Sans-Soucy et de ses compagnons. Un beau matin, un détachement ennemi arriva à Moncalvo pour prendre possession de l'hôpital. Il fut salué :Par un http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr Corpus | Trésor de la médiathèque

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