Almanach de Napoléon pour 1855

98 SCHAMYL. Schamyl, iman des Tchelchens, s'est rendu surtout redoutable aux bataillons du czar. Né en 1707, il préluda par l'é– tude à ses destinées illustre~. Plusiffilrs aventures, dans lesquelles il échappa 01i– racul1:;usement à des pénis d.e toutes sortes, attirérent sur lui les regards des montagnards. Sa piété extraordina ire, ses discours inspirés, son courage, son audace, achevèrent de ledésigner au rang suprême. En 1834, après la mort trngi– que d' Hamsarl-Bey, il fut procl'amé iman des Tchetchens. Depuis lors, il remplit dans le Caucase un rôle semblable à ce– lui que l'émir Abd-el-Kader a joué pen– dant quelques années dans notre Algérie, avec cette différence que la Russii> n'a pas trouvé encore un Bugeaud pour le réduire à l'impuissance, et que, de ~ 837 à 1854, sa réputation n'a fait que gran– dir avec la terreur qu'il inspire à l'ar– mée russe. · Un biographe · anonyme a publ ié sur !'Iman , dans la llevue britannique, un travail curieux où l'on trouve les détails que voici : « Schamyl est d'une simplicité et d'une frugalité extrêmes dans ses habitudes. Il ne boit que de l'eau, quelques heures de.sommeil lui suffisent, et il passe un grand nombre de nuits en prières sans mani.fester le moindre symptôme de fa– tigue. Parvenu à l'âge de cinauante-sept ans, il est encore plein de vigu; ur; mais il est rare qu'il prenne aujourd'hui une part · active aux expéditions militaires. Il se réserve pour les grandes occasions. 11 habite Dargo, où il s'est fait bàt.ir par des déserteurs une maison à deux étages et d'architecture russe. Il a, dit-on, trois femmes , dont la prin~ipale est une Ar– ménienne d'une grande beauté. Deux fois par an il passe trois semaines dans le jeûne , la prière et la lecture du Coran." - La population du Caucase ne dépasse pas ,1 million et demi d'âmes. C'est avec 20,000 guerriers seulement que !'Iman tient en échec une armée de 150,00-0 Russes. Depuis le commencement des hostili– tés en Orient, Schamyl n'a pas cessé d'opérer une heureuse diversion en fa– veur de la Turquie, aidé par des sub– sides et des envois d'armes des puis– sances occidentales. L'Iman a voulu, en outre, se mettre en rapport avec le com– mandant en chef de l'ar·mée francaise . Vers la fin de juillet 1854, Mebëmet– Emin, naïb de Sch<Jmyl sur le ,,ersant occidental du Caucase, accompagné de quelques autres chefs, se rendit auprès du maréchal de Saint-Arnauri , au camp de Varna. Le 10 août, il arrivait ù Constantinople. Depuis, Schamyl a re– doublé d'énergie dans ses attaques con Ire les Russes. Î http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr Corpus | Trésor de la médiathèque

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