Léon Chaudanson : Scènes de la vie marocaine

Le guenaoui « moulay ettabbal » « Holqa » pl. « halaqui » Le guenaoui « moulay ksakeb » circule dans les rues pour mendier. Tout son équipement est brodé de cauris (ouda), petits coquillages destinés à combattre le mauvais œil. Un tas d'objets hétéroclites sont accrochés à sa perruque. 11 est également ventriloque. Tout cela lui donne un aspect effrayant. Aussi est-il la terreur des petits enfants. Les femmes redoutent en lui le « hakim » (magicien). En Tunisie on le désigne sous le nom de « Bon sâdia ». On donne ce nom à tout cercle de curieux assistant à une représentation sur la place publique. Tci, ce sont des saltimbanques qui égayent l ’ assistance par leurs farces grossières. Les spectateurs sont surtout des enfants, des désœuvrés et des campagnards. La plupart viennent là oublier leurs misères. Un ou deux « tabbah » constituent l ’ orchestre. Un porteur d ’ eau circule parmi la foule pour étancher la soif qui étreint tout ce monde exposé à un soleil ardent. Les acteurs n'oublient pas de faire de nombreuses quêtes précédées de récitations de «fatiha » (invocations) « que celui dont les parents sont maudits quittent ce cercle ! » tel est le refrain destiné à retenir les « lâcheurs » (pie l ’ approche de l'offrande à faire pourrait décider à une dérobade. circule également dans les rues pour mendier. De grosses castagnettes en fer remplacent le tambour. Il est coiffé d'une calotte pointue brodée de cauris et surmontée d'une touffe de plumes d'autruche ou d'une queue de mouton. 11 est susceptible de « liai » (état psychique nécessaire pour entrer en relation avec les « jnoun » (génies) en s'abritant sous un voile (gheta) consacré à cet usage. Le « bakhkhar » (encenseur) se promène dans les rues ou sur la place publique pour offrir son encens destiné à amadouer les « jnoun » en faveur du client généreux. Rares sont ceux <pii l ’ éconduisent même poliment. Nombreux par contre, sont ceux qui lui prennent l ’ encensoir des mains pour faire des fumigations dans tous les recoins de la boutique ou de l ’ installation et lui donnent ensuite un généreux pourboire. Il fait une recette fructueuse le jeudi soir, veille du jour des prières (vendredi). Le marchand de remèdes Le montreur de singes Le fripier est généralement un soudanais. 11 étale sa marchandise sur un sac ou une natte. Ses produits sont contenus dans de petits sacs ou de vieilles boites en fer. Il expose également tout un assortiment bizarre de dépouilles d ’ animaux sauvages : peaux de gazelles, de caméléons, d'hyènes, etc. plumes de vautours, de corbeau, etc. Tl délivre et dose à vue d ’ œil des remèdes à ingurgiter. S ’ il s ’ agit de faire des fumigations, il a tôt fait de composer un assortiment de plumes et de lambeaux de peaux. ressemble à nos savoyards montreurs de marmottes. Lui aussi est généralement un montagnard. Groupés en compagnies, ils exploitent tous les quartiers de la ville. Ils font la joie des enfants (pii leur font escorte, mais le plus clair de leurs revenus provient de l ’ exploitation de la curiosité généreuse des européens et surtout des touristes. Souvent un chien fait partie de la troupe comme partenaire du singe. est la « providence des miséreux » qu ’ il habille à bon marché. Tci, il revend de vieux effets indigènes ou européens. Ces derniers font prime. Tl n ’ est pas rare de voir un chleuh employé comme domestique chez des Européens endosser crânement une redingote ou un smoking râpé. Les défroques sont étalées sous une tente ou un plein air. On peut tâter cl essayer à volonté afin de fixer son choix à bon escient. Toute affaire nécessite de longs marchandages. O O

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