Belkassem Ben Sedira : Cours de langue kabyle. Grammaire et versions

— LX — consentent à les envoyer à l’école. Quel sort leur serait-il réservé, une fois nubiles et en possession des talents de femmes de ménage et d’intérieur? Ici, je laisse la parole à M. Pressa.rd, que j ’ai déjà mis à contribution pour quel­ ques emprunts tirés de la Revue pédagogique (15 août 1886). « Que pensons-nous faire de ces » filles quand elles seront grandes ? Sans doute » nous leur mettrons en mains un métier, une » profession ; elles seront en état de gagner leur » vie comme couturières, cuisinières, femmes » de chambre ou de charge. Mais est-ce tout » que de leur assurer la vie matérielle ? Façon- » nées par nous à nos habitudes, à nos mœurs » françaises, se résigneront-elles à rentrer dans » le milieu d’où nous les avons fait sortir? Leur » délicatesse éveillée ne souffrira-t-elle pas trop » de cette vie intérieure de la tribu, faite de dé- » nuement, do grossièreté, d’ignorance, de » ténèbres ? Leurs coreligionnaires, si peu fana- » tiques qu’on veuille les supposer, prendront- » ils pour femmes ces jeunes filles séparées » d’eux par l’éducation plus encore que par » l’instruction ? Les nôtres, d’autre part, les Eu- » ropéens, les épouseront-ils ?... Si elles ne » trouvent pas à se marier, que deviendront- » elles ? La vie de famille leur étant interdite, » n’est-il pas à craindre qu’elles ne tombent » dans le vice, dont leur éducation, leur instruc- » tion même leur ouvriront plus facilement les » portes ? Le vice, si élégant qu’il soit, n’est pas » moins le vice. Notre conscience s’attriste de » cette perspective où la responsabilité est si http:/ /e-mediatheque@mmsh.univ-aix.fr [8-16303_FR] Corpus | Langues

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