Mawerdi : Les statuts gouvernementaux ou règles de droit public et administratif

48 MAWERDI vizir de délégation que quand le prince les explique par quel– que chose montrant qu'il lui délègue ses pouvoirs, car Allâh, rapportant les paroles de son prophète Moïse, s'exprime en ces termes: « Donne-moi un vizir de ma famille, mon frère Hâroûn (Aron), par qui tu me fortifieras et que tu associeras à mon œuvre» (Koran, xx, 30-33), c'est-à-dire qu'il ne s'est pas sim– plement borné à parler de vizirat, filais qu'il y a ajouté les idées d'accroisselnent de sa force et d'association à rexercice de son . pOUVOIr. A cela il faut ajouter encore que l'on peut donner une triple étymologie au mot « vizirat»: d'après l'une, il serait dérivé du mot tvizr (fardeau), parce que le vizir aide le prince il supporter les fardeaux dont celui-ci est cl1argé; la seconde le tire de wazar (asile), d'où l'expression divine « Certes non, il n'y a point d'asile» (Koran, LXXV, 11), ce mot wazar signi- fiant « asile, refug~e » ; et alors le nom de vizir indiquerait que le prince cherche un asile dans la prudence et le concours de son ministre; la troisième le rattache au mot azr (dos), parce que le prince tire du vizir sa force, de même que le corps la tire du dos. Mais quelle que soit l'étymologie à laquelle on s'arrête, aucune ne suppose la gestion indépendante des affaires. * * * Voilà donc établies les conditions dans lesquelles s'opère la collation du vizirat de délégation. Mais 1'exercice de ces fonc– tions, encore qu'elles aient un caractère de généralité, est soumis à deux conditions qui constituent la différence séparant l'imâmat du vizirat. La première est spéciale au vizir: c'est de tenir l'imâm au courant des mesur~s gouvernementales qu'il prend, ainsi que de ses actes d'administration et de ses nomi– nations, de façon qu'il ne puisse, en usant d'une entière indé– pendance, devenir autant que l'imâ,m lui-même. La seconde· est Spéciale à rimâm, qui a à examiner les actes du vizir et son mode de gouverner, à l'effet d'en confirmer ce qui est conforme à l'équité et d'en régulariser ce qui la viole, car [39J c'est à lui e-Médiathèque | Droit musulman | MG_006