Mawerdi : Les statuts gouvernementaux ou règles de droit public et administratif

534 MAWERDI qu'il voyait causer (1) dans la rue avec une femme: « Si c'est ta femme, il est honteux de lui parler en public; si ce n'est pas ta femme, c'est plus honteux encore ». Puis il le quitta et alla prendre séance pour enseigner les traditions. Un billet lui fut alors jeté dans le giron (2), et les vers que voici y étaient écri ts (3) : [Kâmil] Celle avec qui tu m'as vu ce matin en conversation est une messagère qui m'a transmis un avis dont j'ai manqué défaillir et pro– venant d'une créature aux regards languissants et dont une lourde croupe entratne la taille; porteuse du carquois de la jeunesse, elle lance des traits où elle est sans rivale. Si ton oreille avait été à même d'enten– dre les paroles échangées entre nous'l tu aurais vu que l'acte honteux que tu m'imputes n'est qu'une chose louable. [419] Ibn 'A'icha, en en prenant connaissance, trouva le nom d'Aboû Nowâs écrit en tête: « Ou'ai-je à faire », s'écria-t– il, «( de m'occuper d'Aboû Nowâs l » Ce mode de réprobation venant d'Ibn 'A'icha suffit à un homme comme lui, mais est insuffisant pour ceux qui, exerçant les fonctions de mobtesib, ont à exprimer leur réprobation. D'ailleurs il n'y a pas, dans les vers d'Ahoû Nowâs, un aveu explicite de libertinage, car il peut s'y agir d'une allusion faite à une parente au degré pro– hibé, bien que cependant les circonstances aussi bien que le sens de ses paroles plaident en faveur du libertinage et auto– risent le soupçon; or c'était là, de la part d'un homme comme ce poète, une chose répréhensible, bien qu'elle puisse ne l'être pas de la part d'un autre. Quand donc le mobtesib voit dans un cas pareil une chose a réprouver (4), il patiente, examine et tient compte des circons- Wahhâb, qui fut mis à mort par Ma'moûn, en 209 (d'après Mas'oûdi, VII, 78) ou 210 (d-'après Ibn el-Athîr, VI, 276, et Ibn Wâdhil;t, II, 559) et dont le nom est défiguré en « Wahhab ben Ibrahim» par le traducteur de Mas'oûdi (dans Ibrahim fils de Mehdi, p. 52 = J. as., 1869, l, 252). (1) Lisez rl~~~ avec A et B. (2) Lisez 2S~-==- avec A et B. (3) Ces vers d'Aboû Nowlls sont reproduits, avec variantes, dans l'artiole consacré par l'Aghâni, 1. 1., il ce poète, mort vers 195 (Ibn Khallikân, l, 391). (4) Écrivez 2SA, ~ avec A et B. e-Médiathèque | Droit musulman | MG_006

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