Mawerdi : Les statuts gouvernementaux ou règles de droit public et administratif

36 MAWERDI au même titre que la perte de la vue, car ils influent sur la conduite des affaires et sur l'action. D'autres optent pour la négative en faisant valoir que le recours aux signes est possible, de sorte qu'il n'y a déchéance que si l'infirmité est absolue. Il y en a enfin qui disent que l'imâm n'encourra pas la déchéance si son habileté à écrire lui permet de se tirer d'affaire, mais qu'il l'encourra dans le cas contraire, car par l'écriture on se fait bien comprendre, tandis que les signes laissent place à la conjecture. C'est la première de ces trois opinions qui est la plus vraie. ft La survenance chez l'imâm du bégaîment et d'une dureté <l'oreille qlli lui laisse percevoir les sons quand on parle à haute voix n'entraîne pas sa déchéance. Mais si ce double vice (1) existe chez un candidat, les uns disent que cela le disqualifie, car c'est là une infirmité [29J qui ne lui laisse pas l'intégrité de ses moyens, tandis que d'autres soutiennent le contraire, en rappe– lant que la difficulté d'élocution dont était affecté Moïse ne l'a pas empêché de devenir prophète, et qu'à plus forte raison cela ne doit pas elnpêcher de devenir imâm. * * * Quant à la privation de membres, il y a à en distinguer quatre espèces: 1° Celle qui n'empêche ni de devenir, ni de rester imâm, et qui est celle de membres dont la privation n'influe ni sur le jugement, ni sur l'action, ni sur la locomotion, ni sur l'appa– rence extérieure du visage. Ainsi l'amputation de la verge et des testicules n'empêche pas de devenir imâm non plus que, survenue postérieurement, elle n'entraîne de déchéance, car cette mutilation, si elle enlève le pouvoir procréateur! n'influe ni sur le jugement, ni sur la prudence, et partant joue le même rôle que l'impuissance. Allâh, qui nous représente dans cet état (1) Le texte emploie le duel, mais il semblè bien qu'il s-'agisse de l'existence de l'un ou de l'autre de ces vices. e-Médiathèque | Droit musulman | MG_006