Mawerdi : Les statuts gouvernementaux ou règles de droit public et administratif
RÉSERVES ET SERVITUDES 399 ma vie entre ses mains, si ce n'était à raiso11 de l'argel1t que j'ai à dépenser dans la voie d'Allâh, je ne mettrais pas en réserve an seul en1pan de toutes leurs terres! » Quant au dire du Prophète « Pas de réserve sinon à Allâh et à son Apôtre», le sens en est qu'il n'y a de réserve à faire que dans un but semblable à celui qu'ont poursuivi Allâh et son Apôtre au profit des pauvres, des indigen.ts et d.e l'utilité géné– rale des musulmans, à la différence des réserves que, dans la période antéislamique, l'homme puissant constituait à son profit personnel. C'est ce que faisait par exemple Koleyb Wâ'il (1), qui, emmenant un chien qu'il faisait aboyer (2) sur une hauteur [324] dans quelque territoire, déclarait se réserver toute la région environnante aussi loin qu'étaient parvenus les aboîments de l'animal; au delà de cette limite, le sol était ouvert à tOllt venant. Cela finit par amener sa mort, et c'est à ce propos qu'EI-'.t\.bbâs ben Mirdâs a dit: [Tawîl] C'est ainsi que l'injuste et hautain Koleyb s'appropriait~ jus– qu ' au jour où il tOlllba sous leurs coups, les terres des Benoû Wâ'il (3), alors qu ' il laissait aboyer (4) son chien et empêchait ses frères de s'ins– taller dans le vois.inage (5). Quand une terre est reconnue réservée, à l'effet d'en laisser communes les parties mortes et d'en empêcher la transforma– tion en propriété privée par la vivification, il y a à tenir compte de la nature de cette ,réserve: constituée au profit de tous (6), chacun, riche ou pauvre, musulman ou tributaire, y (1) Cette orthographe est celle de A, bien qu 'on trouve aussi très fréquen1- ment Koleyb ben Wâ'il, ce qui est moins correct. Sur ce ohef, voir C. de Perceval, II, 276; Meydâni, l, 683, et II, 145; Ibn ' .-\ bd Rabbihi, III, 95; Hamâsa, 420; Ibn Badroûn, 104; Ibn el-A thîr, l, 384, etc. (2) Les divers exemplaires du texte écrivent tous ~~~~~~ qui signi– fierait « qu"i1 faisait courir», en donnant d'ailleurs à ce mot une acception inconnue à nos dictionnaires; je le corrige en V\.-:.-,"_.st~~., notalDment d'après le texte analogue cité dans Pococke, Specinten hist. ar., p. 83. (3) Les Bekrites et les Taghlebites, descendants d'un auteur commun WA'i!, étaient appelés collectivement Benoû Wâ'il {Co de Perceval, II.1 270). (4) Je lis Ls.-:L,) avec B; A porte ~~L~ . (5) Dans A ;::.)L9 "i\ . 1 (6) Lisez avec A ~L;.j\ ~jts:.J ou, avec B, ~~ . e-Médiathèque | Droit musulman | MG_006
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