Mawerdi : Les statuts gouvernementaux ou règles de droit public et administratif

176 MAWERDI mandeur des croyants ». EI-Ma'moûn donna alors l'ordre à son kâdi Ya:Qya ben Akthem (1), d'autres disent à son vizir Al).med ben Abou Khâled (2), de prendre séance à rintention de ces deux adversaires et d'examiner leur cas, ce que fit ce fonctionnaire en présence d'EI-Ma'moûn ; et comme l'un des chambellans réprimandait la femme parce qu'elle élevait la voix, le khalife lui dit: « Laisse-la tranquille, car c'est la conscience de son droit qui la fait parler, et .la conscience de son tort ferme la bouche de son adversaire »; et il fit restituer ses biens à la plaignante. Ce prince, en faisant procéder à l'examen de cette affaire en sa présence, mais sans se charger lui-même de cette opération, a fait ce qu'exige, à un double point de vue, une bonne administration: d'abord parce qu'il s'agissait de rendre une décision qui pouvait être prononcée ou au profit de son fils ou à son désavantage; or s'il est permis à un juge de décider contre son fils, il ne lui est pas permis de se pro– noncer en sa faveur; - et ensuite parce que la demanderesse était une femme à qui EI-·Ma'moûn était trop haut placé pour répondre, et que son fils (3), à raison du rang~ qu'il occupait, se trouvait dans l'endroit où nul autre que le khalife ne pouvait l'obliger à s'incliner devant le droit; c'est pourquoi ce prince remit l'examen de l'affaire, lui-même étant présent(4), à quel– qu'un qui pouvait suivre une cOllversation avec cette femme tant pour la demande de règlement que pour l'élucidation de la cause; mais EI-Ma'moûn lui-même rendit le jugement exécu– toire et imposa le caractère obligatoire du droit. (1) Ce juge est bien connu pour sa science et son crédit auprès du khalife; îl doit une célébrité presque égale à ses goûts honteux, accusation contre laquelle s'élève Ibn Khaldoûn (voir Prolégomènes, l, 36 et 451 ; Ibn Khallikân, IV, 33; Aghâni, index; l.Vodjoûm J t. l, notamment p. 748; Mas'oûdi, Prairies d'or, t. VII, notamment pp. 33, 38 et 43 ; à la p. 44, le traducteur semble bien n'avoir pas compris le tableau ultra-réaliste où le poète met en scène quatre mignons dont trois sont, à des degrés divers, dépouillés des attributs de la virilité). (2) Voir, sur ce vizir, Ibn Khallikân, l, 20, 653; IV, 37' Nodjoûrn J l, 619; Fakhri, 268; Weil, Geschichte, etc. ./ (3) On pourrait aussi prononcer ~\-" ce qui donnerait un sens légère– ment différent. (4) Lisez 2S~~~ avec A et B', ou v\";"A \À~~" ~ ~ avec B. e-Médiathèque | Droit musulman | MG_006

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