Mawerdi : Les statuts gouvernementaux ou règles de droit public et administratif

REDRESSEMENT DES ABUS 159 à élucider, et si quelqu'un de leurs sauvages bédouins se laissait aller à quelque négligence (1), un avertissement le ramenait en arrière et la rudesse le faisait agir convenablement. Les khalifes des musulmans primitifs se bornèrent donc à trancher les difficultés qui s'élevaient entre eux par la voie des décisions judiciaires en faisant à ces difficultés l'application dll Droit, et cela à raison de l'intime conviction qu'avait la masse d'u carac– tère obligatoire de cel ui-ci. Cependant 'Ali, quand son imâlnat faiblit et que le relâche– ment se manifesta (2) à la suite du trouble qui régnait dans le peuple, eut besoin d'un surcroît d'énergie administrative et d'attention pour parvenir à la solution de cas obscurs qu'il fallait juger. Il flIt le premier à entrer dans cette voie et y marcha de son chef, mais sans y arriver jusqu'à la poursuite proprement dite des abus, vu qu'il pouvait s'en dispenser: ce fut ainsi que, à propos de la mtnberiyya (3), il déclara « le hui– tième en est devenu le neuvième»; qu'il jugea que la diya (prix du sang) se partagerait par tiers dans le cas où, une jeune fille en ayant pincé une autre, la troisième se cassa le cou (4), et que, à propos d'un enfant que se disputaient deux femmes (5), il prit une décision par laquelle il trancha le différend . .. (1) Je lis avec A, j~~ "'3~~ (cf. Dozy, Dictionnaire, 1,231 b, qui a reproduit le sens donné par Enger d'après une lecture bien vraisembla– blement défectueuse, bien que confirmée par la version sommaire que la traduction persane donne de ce passage). .. (2) Ici encore je lis avec A, J-~_9 d\ \-,j~.-J-, ... ÀM~\ ü.r~L:;. (3) C'est le nom sous lequel est connu le cas où, dans un partage succes– soral, il y a lieu de procéder à la réduction proportionnelle en portant le dénominateur de 24 à 27; 'Ali était, dit-on, en ohaire, ntinber, quand la question lui -fut posée, d~où cette dénomination (voir Sîdi Khalîl, p. 228, 1. 2, et les commentaires). (4) La traduction persane rapporte ainsi ce fait, auquel il n'est pas ailleurs, à ma connaissance, fait allusion. Deux jeunes esclaves étaient à s -'amuser, la premièrp. étant montée sur le dos de l 'autre, quand une troisième survenant pinça cette dernière, dont un brusque mouvement jeta sur le sol et tua la compagne à qui elle servait de monture. 'Ali décida que) la responsabilité étant partagée, la diya incomberait pour un tiers à chacune des participantes. (5) La traduction persane nous raconte également le fait dont il s'agit, qui n-'est autre chose que l'exacte reproduction de l'histoire de Salofi10n décidant de couper en deux l'enfant que deux mères se disputent devant lui (histoire figurant dans Bokhâri, IV, 374 de la trad.). e-Médiathèque | Droit musulman | MG_006

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