Mawerdi : Les statuts gouvernementaux ou règles de droit public et administratif

154 MAWERDI tion mondaine est blâmable. Allâl1 a dit en effet: « Cette demeure suprême, nous la réservons (1) à ceux qui, sur la terre, ne recherchent ni .ra domination ni l'injustice; l'heureux dénoûment est pour les gens pieux » (Koran, XXVIII, 83). Les autres disent que la rechercl18 de la judicature n'est pas, quand elle est inspirée par ce mobile, blâmable, puisque la recherche de la considération, dans un domai.ne licite, ne l'est pas. Joseph le Prophète exprima à Pharaon son désir d'exercer auprès de lui les fonctions de lieutenant: (l Mets-moi à la tête des magasins du pays, car je suis un gardien habile ) (Koran, XII, 55) ; il a donc réclamé des fonctions et s'est, en disant « je suis un gardien habile», dépeint comme étant qualifié à cet effet (2). Ces mots sont expliqués par ~Abd er-Ral).mân ben Zeyd (3) comme signifiant « gardien de ce dont tu m'auras demandé de me charger, habile dans les fonctions que tu m'auras confiées ), et par Isb-âk ben Sofyân (4), « gardien des comptes, habile dans la connaissance des langues ». Ils dépas– sent ce qui était nécessaire pour s'habiliter lui-même et faire son propre éloge, [127] mais il y avait à cela un motif spécial. C'est pourquoi l'on discute s'il est permis d'accepter des fonctions conférées par un homme injuste. Selon les uns, cela est permis si, dans l'exercice de sa charge, le fonctionnaire applique le droit, car Joseph exerça les fonctions qu~il tenait de Pharaon pour empêcher, par sa justice, les effets de la tyrannie de ce prince. D'autres le déclarent interdit et défen– dent d'occuper des fonctions comprenant une part de l'autorité de gens injustes, en leur venant ainsi en aide et les innocen- - (1) Lisez \._~-1 $) ~ • (2) Un Européen peut ici se rappeler robservation cruelle de Stendhal; « Le comble du ridioule est de s'a viser de mériter une place pour l'obtenir». (3) Compagnon qui était neveu d' 'Omar ben el-Khattâb et avait six ans lors de la mort du Prophète (Nawa"ri, p. 379). (4) J'ai vainement cherché le nom de cet exégète sou cette forme ortho– graphique, qui est celle que donnent Enger et B. On lit dans A ( EI-Achaddj ben Sofyân » qui est peut-être la déformation de « Aboü Sa'îd 'Abd Allâh ben Sa'îd el-Achaddj ), mort en 257 et auteur d'un commentaire du Koran cité par le Fihrist, p. 34, et par H. Kh., II, 353. e-Médiathèque | Droit musulman | MG_006

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