Mawerdi : Les statuts gouvernementaux ou règles de droit public et administratif

132 MAWERDI nécessité; mais il ne lui suffit pas d'en avoir assez pour être responsable, c'est-à-dire de percevoir à l'aide des sens qui nous sont indispensables à tous, il doit avoir le discernement sain, la perspicacité développée, être étranger à la distraction et à la négligence, et assez fin pour élucider les difficultés et trancher les cas graves; 3° La qualité d'homme libre, car l'amoindrissement chez l'esclave du pouvoir de se régir lui-même ne permet pas qu'il soit investi d'une autorité à exercer sur d'autres, et l'état de servitude, qui entraîne l'irrecevabilité du témoignage, doit à plus forte raison empêcher le caractère efficient d'un jugement et l'attribution de la qualité de fonctionnaire. La décision est la même pour celui qui n'est pas pleinement libre, tel que l'affranchi orcinien, l'affranchi contractuel et l'esclave partiel. Mais l'état de servitude n'empêche pas de donner des consulta– tions juridiques (retwa)~ non plus que de rapporter des tradi– tions, car aucun de ces deux faits ne comporte l'exercice d'une autorité officielle. L'affranchi peut devenir juge, bien que le droit de patronat pèse sur lui, car pour la judicature la ques– tion de lignage ne compte pas; 4° La qualité de musulman, car c'est une condition requise pour l'aptitude à porter témoignage, en outre de ce qu'a dit Allâh : « Allâh ne donnera pas aux infidèles d'avantages sur les croyants» ("Koran, IV, 140). Il n'est pas permis qu'un infidèle exerce la judicature vis-à-vis des musulmans non plus que des infidèles. Aboû ijanîfa dit cependant qu'il peut être chargé de rendre la justice à ses coreligionnaires. Bien que, en effet, ce soit une habitu.de courante des gouverneurs d'investir de la sorte un infidèle, ce n'est là qu'une investiture d'un droit de primauté et de présidence, et non d'un droit de décision et 1 de jugement (1) : les décisions de ce chef obligent ses adminis- (1) A maintes reprises dans le oours de oe ohapitre, ces deux mots, sous la forme soit du verbe soit du substantif; sont aocolés; bien que souvent ils soient synonymes, on peut croire que l'auteur a voulu ainsi indiquer le double pouvoir du kâdi, qui intervient tantôt par la voie graoieuse tantôt par la voie contentieuse. e-Médiathèque | Droit musulman | MG_006

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