Mawerdi : Les statuts gouvernementaux ou règles de droit public et administratif

GUERRES D'INTÉRÈT GÉNÉRAL 119 L'émir désigné par l'imâm pour combattre les insurgés qui refusent de se soumettre doit préalablement les avertir et les mettre en demeure. S'ils persistent, il doit les combattre ouver– tement, sans les attaquer par surprise ni de nuit. Entre la manière de les combattre et celle de combattre les polythéistes et les apostats, il y a huit différences: 1 0 Son but doit être de les ramener et n'on de les tuer, but qu'il peut viser en ce qui concerne les polythéistes et les apostats; 2° Il doit les combattre de face et s'abst~nir de les attaquer par derrière, tandis qu'il peut attaquer les deux autres caté– gories par devant comme par derrière; 3° Il ne peut achever leurs blessés, ce qui lui est loisible (1) quand il s'agit de polythéistes [99] et de renégats. En effet, 'Ali fit, à la journée du Chameau (2), proclamer par son héraut de ne pas poursuivre les fuyards ni achever les blessés; 4° Il ne doit pas, contrairement à ce qui se fait (3) pour les polythéistes et les renégats, mettre à mort ceux d'entre eux qui deviennent captifs, dont le traitement varie selon le cas: ils sont remis en liberté si l'on est sûr qu'ils ne recommenceront pas à combattre, et, dans le cas contraire, leur libération est différée jusqu'à la fin de la guerre, mais doit alors se faire. El-ijaddjâdj mit en liberté, parce qu'il le connaissait, un des partisans de Katâri ben el-Fodjâ'a (4), et comme ce dernier chef engageait le captif délivré à recommencer de combattre cet ennemi d'Allâh qu'était El-ijaddjâdj: « Fi donc! répondit l'autre, le libérateur d'un bras l'enchaîne, l'affranchisseur d'une nuque la met en servitude! l) (5). Et il se mit à dire: :1) Lisez avec B et B' j~ Y\ j~-:':- u~ . (2) La bataille dite du Chameau, en 36, fut livrée par 'Ali à ses adversaires les Omeyyades soutenus par les vœux et la présence d" Aicha (Weil, G. der Ch.al~/., l, 210, etc.). (3) Plus exactement, à ce qui peut se faire. (4) Chef des Azrakites, lesquels formaient une secte Khâredjite; il était renommé comme lettré) et fut tué en 78 ou 79 (Ibn Khallikân, TI, 522; Chahristani, 90; trad. l, 134; Ibn 'Abd Rabbihi, 1, 39, 80 et 150; J(âmil, de Mobarred; J. Périer, Al-Haddjâdj, notamment 98 sq. - L'anecdote ici rapportée est encore relatée par notre auteur dans son Adab ed-clonya, p. 160. (5) C'est une expression proverbiale qu"a recueillie Meydani, Arabuln pro– verbia~ Il, 176. e-Médiathèque | Droit musulman | MG_006

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