Guy Carron : Les confesseurs de la foi dans l'église gallicane à la fin du dix huitième siècle : tome premier

( 172 ) ·Sans égard à ses fatigues, à son âge, aux larmes de sa sœur, on le fit aussitôt repartir à pied, malgré l'orage, les boues et la chaleur du jour. Dans ce cruel voyage, on n'entendit pas une seule plainte sortir de sa bouche; on ne cessoit de lui annoncer qu'on le conduisoit à la mort: mais son visage serein, ses mains et ses yeux élevés au ciel, attestoient qu'il étoit divine– ment consolé d'un sort d'autant plus affreux qu'il le dcvoit à des concitoyens prévenus tous par lui de longues marques d'un vif attache– ment, et la plupart chargés des dons multi– pliés de sa charité. Sur la route, escorté de ses bourreaux dont le nombre croissoit à chaque instant, il leur adressa des paroles de paix auxquell e s ils ré– pondirent par des injures, par de sanglans ou– trages, par des coups redoublés; on en vint jusqu'à déchirer ses vêtemens qui n'offrirent plus que des lambeaux. Cependant le bruit du danger imminent qu'il couroit se répandit à Clairac : les bons habitans sernbloient tous le partager; Ïs étoient ahattus, consternés. Un sergent du régiment de Champagne, qui com– rnandoit une compagnie dans ce lieu, se pré– sente à la municipalité, demande des ordres, e-Médiathèque | Histoire Provence | YM_74 (1)

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=