Espitalier, H. : Les Evêques de Fréjus : du XIIIe à la fin du XVIIIe siècle

356 ~ ~ ~ LES EVEQUES DE FREJUS plus On en raisonne, moins on les comprend (1): on marche toujours sur un point indivisible entre deux précipices également dangereux; et nous ne voyons pas que depuis treize siècles qu'on di pute sur ces deux points, on ait découvert de nouvelles clartés dans des mystères si profonds et si cachés. Dieu a voulu que nous opérassions notee salut avec crainte et avec espérance. L'obscurité de ces mystères est le fondement et le lien de ces deux ,entimen ts qui doivent nous exciter dans cette affaire si importante, et s'il y a des pas"ages de l'Ecriture sainte., qui jettent la terreur dans nos àmes, il Y en a d'autres au si, qui nous animent et nous con oIent. Tou les m. tères sont composés do deux vérités~ qui semblent se combattl'e; dans celui de la Trinité, le troi personnes divine ne font qu'un seul Dieu: dans 1'1ncarnation, J é, us-Chr'ist est Dieu et homme tout ensemble: dans le sacrement adol"able de nos autels, Jésus-Chr'ist y est tout entier, 1 éellemont et sub tantiel1elnent, sans que son humanité sainte cesse d'ètre dans le ciel; et ce qui a fait les hérétiques, est qu'en s'attachant uniquement ù l'une de ces deux Yérités, ils ont rejeté l'autre qui était inséparablement liée avec elle. L'esprit hUlnain toujours orgueilleux, au lieu d'avouer la faibles e de ses lumières, s'est égaré, et d'autre se ont vainement tourmentés à chercher ce nœud et cet accord dont l'obscurité impénétrable fait toute l'e'"'sence des mystères. Il -est même utile et néce aire que cette obscurité se trouve dans celui de la Grâce et de la Prédestination. Si nous étions a surés que notre salut no dépend que de nous, et d'avoir quand nous voulons la grâce (lui nous le fait opèrer, nous tomberions dans la présomption, et cette faus e sécurité éteindrait la vigilance chrétienne si recom– mandée par Jésus-Christ. Si au contraire nous étions persuadés que la grâce seule fait tout, et qu'elle domine notee liberté~ nous nous con– tenterions d'attendre cette motion salutaire de la miséricorde de Dieu, et nous nous abandonnerion , ou à une nonchalance criminelle, ou à un funeste dése poil'. La grâce, dit aint Bernard., n"'opère pas une partie de la bonne action., ni le libre arbitre une autre partie: lnais ces deux puissance.~ jointes ensen~ble opèrent la bonne action indivisiblelnent., en sorte qu"on peut dire que la grâce opère tout) et que le libre arbitre (1) EcclesiIJstes. c. 8. e-Médiathèque | Histoire Provence | YM_212

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=