Espitalier, H. : Les Evêques de Fréjus : du XIIIe à la fin du XVIIIe siècle

DU XJII e A LA FIN DU XVIIIe SIÈCLE 345 demanda le serment de fidélité; le prélat eut le courage de lui dire: « Votre Altesse royale est bien persuadée que je ne man– querai jamais à ce que je dois à Louis-le-Grand, mon légitime et unique souverain ». ()n assure qu'il ajouta: « D'ailleurs ce ne serait pas la peine de reconnaître Votre Altesse pour le peu de temps qu'elle a à séjourner en Provence» (1). Loin de déplaire au duc, ce noble langage ne fit qu'augmenter son estÏlne pour l'évêque de Fréjus et il avait l'habitude de dire à son occasion « que les évêques des autres Etats ne pouvaient se comparer à ceux de France» (2). Con1ment un prélat infidèle à ses devoirs de citoyen aurait-il excité à un tel degré l'admira– tion de son hôte? On ne peut faire un reproche à Fleury de s'être, en habile diplomate, insinué dans les bonnes grâces du vain– queur. Au lieu de lui opposer une résistance inutile il jugea plus prudent de gagner sa confiance et y réussit pleinernent. Le prinGe « ne permit pas, dit Girardin, qu'on fit aucun désordre dans notre ville; les monastères avaient des 5auvegardes; nulle fe n1 fi e ni fi Il e nef li t via 1 ée, on ne pi lIa poin t de lnais 0 n, on ne tua a ucun ha bi tan t, on ne brûla quoique ce soi t » (3). Il fallut, il est vrai, payer la contribution de guerre qui s'éleva (1) Papon .. lIist. de Provence, IV, p. 118. - Papon est d'autant plus digne de foi qu'il eut des relations avec la cour de Sardcligne et fut même chargé de prorloncer l'éloge funèbre de Charles-EmmanuelllI, le successeur de Victor-Amédée. Feller (Dict. lJiof}raph. art. Papon), dit que le réci l du siège de To uIon, en 170'1, fa it pa r cet his torien sur les mémoi res du maréchal de Tessé, ne manque pas de mérite. Or Je maréchal, contemporain de Fleury, n'eut pas manqué de blàmer l'évêque de Fréjus si 5a conduite eut été répréhensible. t2) Girardin. Hist. de Fréjus, 1, 1. c. (0) Ibid. id. e-Médiathèque | Histoire Provence | YM_212