Espitalier, H. : Les Evêques de Fréjus : du VIe au XIIIe siècle

DU VIe AU XIIIe SIÈCLE 85 ceignons avec eux la couronne du martyre ». Eleuthère refusa de quitter son asile. Mais Colomb sort de l'antre et, à l'instant, . associé à ses frères dans la passion, il est mis à mort ». « Ce peuple sacrilège ne se contente point de massacrer les moines innocents, il brûle d'ardeur pour le mal, il renverse église et édifices sacrés de fond en comble, il brise les colonnes du sanctuaire si merveilleusement travaillées et, en haine du Christ et de la foi ca tholique, il les jette à la mer. Leur rage, après ces di Vèrs méfaits, s'apaise et, se rembarquant, ils arrivent à un endroit appelé Agay. Là, les quatre moines, qu'ils emmenaient en captivité, obtiennent d'être mis à terre pour satisfaire un besoin naturel. A peine descendus, comme poussés par une inspiration divine, ils s'enfuient, gagnent les fourrés des bois, les vallons obscurs et marchant toute la nuit à travers la forêt, ils arrivent à un lieu qui est appelé Arluc. Ils trouvent près du rivage de la mer une b:lrque sur laquelle ils montent et atteignent, dès l~aurore, l'île de Lérins ». « Or, à la vue des cadavres de tant de vénérables frères, criblés de si nombreuses et si cruelles blessures et horriblement mu– tilés, qui pourrait dire leurs gémissements, leurs larmes, leurs soupirs ~ Ils étaient profondément affligés de ce qu'ils n'avaient pas été jugés dignes de partager la gloire du martyre avec ces bienheureux. De là, les cris plaintifs et les gémisse– Inents pleins d'amertume qu'ils se renvoyaient l'un à l'autre et qu'ils poussaient sans trêve. Eleuthère, de son côté, entendant ces voix plaintives -' quitte son antre, et ce moment de recon– naissance entre frères amène une nouvelle explosion de larmes et une nouvelle scène de deuil sur la cruelle mort des moines. e-Médiathèque | Histoire Provence | YM_028

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