Espitalier, H. : Les Evêques de Fréjus : du VIe au XIIIe siècle

DU VIe AU XIIIe SIÈCLE 77 venus après lui. Quant à la vie prototype, antérieure au poème provençal et aux autres œuvres qui sont ici en cause, elle n'a existé que dans l'imagination de l'écrivain. Peut-être serions-nous moins sévère envers Raymond Féraud si l'identité des deux Porcaire était le seul anachronisme qui se rencontrât dans son œuvre; mais les années et les siècles se fondent si facilement sous la plume du moine troubadour, que nous ne sommes pas étonné d'y trouver deux autres contradic– tions historiques encore plus grossières. D'après Raymond Féraud, en effet, saint Porcaire tomba sous le fer de Genséric, roi des Vandales. Or, Genséric mourut un demi-siècle avant le maître de saint Césaire. Le fantaisiste troubadour place encore ce martyre sous le règne de Charlemagne qui vécut trois cents ans après l'époque pendant laquelle se seraient déroulés ces évènements. Ces anachronismes, l'auteur de Lafln de Lérin.~ les reconnaît, mais il les explique à sa lnanière. « Genséric était mort, il est vrai, dit-il, mais c'est le nom de son deacendant, Traslmond, qu'il faut lire; et si Charlemagne intervient daus ce poème, c'est que Raymond Féraud a sacrifié aux idées de son siècle qui faisait intervenir en tout le grand conquérant». Avouons que la réponse est bien faible; mieux valait laisser Raymond Féraud à la place qu'il mérite que de l'élever au rôle d'historien. L'identité imaginée entre les deu Porcaire a- t-elle un fondement plus sérieux? Assurément non. Si le maître de saint Césaire a reçu le martyre de la main des Vandales, au VIe siècle, poul~quoi, en parlant de saint Porcaire, l'historien de l'évêque d'Aples n'y fait-il aucune allusion t Pourquoi encore e-Médiathèque | Histoire Provence | YM_028

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