Espitalier, H. : Les Evêques de Fréjus : du VIe au XIIIe siècle

76 " A " LES EVEQUES DE FREJUS tous les critiques, place vers l'an 730 ce sanglant évènement. Cette date paraissait inattaquable; et voici qu'en 1883, feu M. l'abbé Pierrugues, toujours prêt à soutenir les opinions les plus ha8ardées, jugea à propos, dans sa brochure La fin de Lérins, de devancer de deux siècles le martyre de saint Porcaire et de ses compagnons, comme l'avait fait d'ailleurs avant lui, dans la Vida de Sant Honorat, le fastidieux Raymond Féraud. D'après lui, comme d'après le moine troubadour, le martyr saint Porcaire serait cet abbé du Inême norn qui fnt le maître de saint Césaire, et l'horrible carnage aurait eu pour auteurs les Vandales, non les Sarrasins. Celte opinion ne mérite aucune créance et c'est notre devoir de la réfuter. Disons d'abord, qu'en patronnant une opinion soutenue par Raymond Féraud, M. l'abbé Pierrugues s'exposait à tornber dans une erreur bien grave, tant Raymond Féraud est peu sérieux l L'auteur de Lajin de Lérins nous dit bien que la Vida de Sant Honorat n'est que la traduction fidèle d'une vie anté– rieure qui fut apportée de Rome par un moine de Lérins. Cette yi ,qui l'a jamais vue, qui l'a jamais connUf~, si ce n'est Raymond Féraud lui-même~ puisqu'il est le prernier à nous en parler dans son poème en ces termes : « De Roma l'aportet un monge de Lérins ». C'est en vain encore que M. Pierrugues croit avoir retrouvé soit dans la vie catalane de saint Honorat, soit dans la vie latine, imprimée à Venise en 1501, soit dans le manuscrit de Dublin, des passages entiers de l'œu vre de Raymond Féraud. Ces repro– ductions ne sjgnifient qu'une chose: c'est que le moine trouba– dour, étant plus ancien, a été copié par les auteurs qui sont e-Médiathèque | Histoire Provence | YM_028

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