Espitalier, H. : Les Evêques de Fréjus : du VIe au XIIIe siècle

DU VIe AU XIIIe SIÈCLE 45 . d'avoir donné le jour à cette sainte, prétention flatteuse que rien n'autorisait. Car à l'époque où vivait sainte Maxime, cette famille seigneuriale n'existait pas encore. Il est certain, en effet, que la patronne de Callian vint au monde et mourut bien avant l'inva– sion des Sarrasins; Antelrny le dit en termes exprès dans sa lettre aux Bollandistes (1), et l'on ne pourrait autrement expli– quer l'insertion de la fête de cette vierge dans les martyrologes du IXe siècle. Bien rares sont (je ne dirai pas seulement en France, mais en Europe) les farnilles princières qui relTIOntent à une si haute antiquité. Connaît-on, surtout en Provence -' une maison seigneuriale qui ait conservé, après l'invasion Sarrasine, le fief ou le cornté qu'elle possédait auparavant? C'est pourtant ce qu'il faut reconnaître à la famille de Grasse J si sainte Maxime était de sa lignée (2). Et, puisqu'on met en avant les seigneurs :de Callian et leur (1) Eam obiisse longe ante invasionem Sa1'raeen01'um zn Provineiam. (Acta 11, XVI 7naii.j (2) Les croisades sont en général l'époque où nos plus anciennes maisons aimeut à recon– naître le premier de leurs aïeux. Qui doute pourtant que déja aUIJaravant, la I,lupart d'entre eltes ne fussent t1orissantes, s'il n'est p:lS prouvé que le nom de G1'asse soit connu dès 1042, ainsi qu'on l'a avancé, lite., etc? (De Laplane. Origine des nams de ramill~ en Provence, p. 101.) En nole, p. 101, M. de Laplane ajoute: c: Le cartulaire de Lérins offrait, à la vérité, le nom de Grasse à cette date reculép, (1043), mais en y regardant de plus près, il a paru que ce nom devait s'y être gll!'sé furtivement beaucoup plus tard et vers la fin du XVe siècle seulement. Voir La critique du nobiliaire de provence, art. Grasse. Id. p. 102. Guillaume HI, de Montpellier, dit la Nouvelle diplomatique, IV, 504, est le premier seigneur languedocien qu'oll trouve avoir pris le nom de son /ief, vers 1030. Tout cela prouve bien que la famille de Grasse n'avait aucun litre pour iuvoquer une telle ancienneté. e-Médiathèque | Histoire Provence | YM_028

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