Espitalier, H. : Les Evêques de Fréjus : du VIe au XIIIe siècle

30 ~ A ~ LES EVEQUES DE FREJUS Tant de succès irritèrent deux religieux rebelles, C010mb et Arcade, qui supportaient avec dépit l'autorité de l'abbé réforma– teur. S'en débarrasser au prix d'un crime, tel fut leur abominable dessein. Pour arriver à leur but, Colomb et Arcade soudoient des sicaires: ceux-ci pénètrent dans l'île à l'improviste, les armes à la luain, s'ernparent de la personne de saint Aigulphe et chargent aussi de chaînes trente-trois religieux qui avaient pris la défense de leur Abbé. Pour assouvir leur rage, ces for– bans crèvent les yeux à leurs victilues et les transportent ensuite jusqu'à l'île de Caprée, de là sur un îlot de la Sardaigne, où ils finissent par les décapiter. Mais, au l110ment où allait se terminer ce glorieux martyre, le courage manque à un des captifs, nommé Briconius. Il brise ses liens, se glisse vers ]e rivage et monte dans un esquif. La barque s'éloigne n1iraculeusement de l'île et aborde à Lérins. Briconius fait à ses frères le récit des souf– frances qu'avaient endurées saint Aigulphe et ses glorieux compagnons. Les larmes répondent à ses paroles pathétiques et les religieux du monastère, qui avaient déjà vu les deux rebelles tomber sous le coup de la vengeance céleste, élisent d'une voix unanime le moine Ricomir pour abbé. Les religieuses d'Arluc ignoraient encore les évènements douloureux qui s'étaient passés dans l'île. Ricomir envoya Briconius lui-Iuên1e pour les leur raconter. Au récit de tant de souffrances, 1eR religieuses éclatèrent en sanglots: « Ma mère, dit alors Briconius à Angarislue, ne pleurons plus; au contraire, réjouissons ·nous, car nous avons un protecteur puissant dans le ciel ». Il ne convenait pas que les ossements des saints martyrs e-Médiathèque | Histoire Provence | YM_028

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