Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 13

Remontrances du Clergé faites à nos Rois.' 1088 p:·oduir1 les fruits dignes d'un tel la– bour & culture. Votre Majell~, S1RE, a tant de fois, :i. l'exemple de fes p,édéceffeurs , :.vec grand honneur & gloire, pris les armes pour abolir cette mat:vJife fcé!e & pernicieufe héréfio, qui a tant alfli~é la France, & n'a craint de mettre fa vie au hafard pour une ft bonne, fainte & julle querelle; mais elle a maintenant en fes mains un moyen beaucoup plus prompt, facile & aifé pour réunir, com– me elle a tant ddiré, tom fon peuple en la vraie églife catholique, qui ell l'obfcrvllion de ce faine concile, par le moyen duquel nous efpérons que Votre MJjellé aura ce bonheur, de voir en fcs jours cette dotl:rine nouvelle fe con– fommer comme paille devant le feu de )"ancienne doél:rinc & difcipline ecclé– fiallique, &: cela , Votre lvlajellé con– noîtra être véritable, quand elle confi– dérera que toutes les anciennes héréfics ont été plutôt éreintes par la vertu & vigueur des fainrs & facrés conciles, qui ont toujours été comme les Iléaux & verges des hérétiques, que non pas par les armes & batlilles: comme aulli cette maniere de gens ont plus craint les faines décrets & ordonnances faites par les Saints Peres , que non pas les légions & armées des Empereurs & des Rois. Ainfi efpérons-nous que cet œuvre du Saint Efprir, publié & reçu parmi vocre royaume, & fou tenu par la vertu de vo– tre fceptre, apportera plus de dommage & ruine aux ennemis de nocre religion & d'avancement à la réunion de tout votre peuple, que n'a fait tout le fang épandu en vingt ans, pour le foutene– menr de celte bonne & julle querel– le; & fur cela nous vous fupplions de vous remettre devant les yeux l'exemple de vos prédéceffeurs Rois, qui ont été plus que nuls autres feigneurs, portés à entretenir en ce royaume la difcipline ecclétiallique , connoiffant très-bien qu'elle étoit l'un des principaux fonde– mens & foutenement de leur couronne: car. to_ut ainfi , comme il n'y a rien qui main11~nne tant un peuple en la crainte de Dieu, que l'obfervation de cette fainte difcipline, laquelle n'ell fi-tôt corro,mpue ni altérée, que le peuple dé· bo~de en to~te licence, ne dépouille la 1:ramte de D11u: ainfi n'y a-t-il rien qui appuie tant l'autorité des Rois & des magillrats, que cette révérence que l'on porce à Dieu, laquelle fes fujets ne dé– pofonr fi tôt, que toue incontinent, par une licence effrénée, ils ne viennent au mépris des princes & magillrats. Puis donc que la bonne ordonnance & difcifpline de l'églife cil la conferva– tion de la crainte de Dieu, & la crainte d~ Dieu ell la défenfe de la dignité des Hois, l'on peur aifémenc juger combien les princes font pour eux , quand fe ren– dant protetl:eurs ·de ce bel ordre, fon– dent fur icelui l'établiffemenr de leur autorité & puiffance • lequel vos anciens prédéceffeurs Clovis , Charlemagne , Louis-le-Débonnaire & plufieurs au– tres ont très-bien reconnu, quand ils ont recherché par affemblée des ecclé– fialliques & conciles, de rétablir les faintes ordonnances & loix de l'églife, & par ce moyen confirmer l'autorité de leur fceptre, l'appui de leur couron– ne & le fondement de J'obéiffance de leurs fujets ; & panant, pui!que nous Commes venus en ce temps fi mi– férable & corrompu, que la défobéif– fance & mépris de !"autorité des prin– ces & magillrats femblent fignifier quel– que finillre événement; la rellauration de la difcipline de l'églife ell plus que jamais néceffaire en ce royaume, étant celle qui renouvellant la crainte & révérei:ice de Dieu dans l'efprit des perfonnes, confirmera auffi par une conféquence néceffaire votre autori– té & grandeur , & établira une obéif– fance volontaire dedans J'ame de vos fujers. Et comme cette publication vous fera grandement utile & profitable, encore vous fera·t-elle autant honorable & re– commandable parmi les nations chré· tiennes, lefquelles ayant toutes univer– fellement reçu la publication des fainres conllitutions, ne peuvent qu'elles n~ trouvent étrange que votre royaume, jadis tant renommé pour fa piété rrès– chrétienne, & en laquelle il a furpalfé tous les autres, non feulement ait été le dernier à les recevoir & embralfer, mais encore faffe feu! difficulté de les recevoir maintenant, demeurant en ce– la divifé de tout le relle de l'Eglife Ca– tholique. Pour ces caufes, les ecclélialli9ue~ fupplient humblement Votre MaJelle de http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-13] Corpus | Histoire de Provence

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