Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 13

74? Evlque d'Amiens. M. DC. LXVI. pas moins difformes ni moins dange- Remontrance du Clergé de France• ojJi:mblé à Paris, faite au Roi Louis X/JT. à Saint-Germain en Laye le 17. avril 1666, par illuf– trijjime & révérendiffime meffire Daniel de Cofnac , évêque é;• comte de f'alence & de Die , affif– té des archevêques , évêques & autres dt!putés en ladite affimblée • en prenant congé de Sa Majejlé. reux dans le corps politique que dans Je corps naturel. V. M. fait de quelle importance il ell pour le bien public de les réprimer: elle l'a entrepris avec tant de fagetfe que nous ne faurions douter que la penf~e ne lui en foit venue du ciel, & que le même efprit qui lui en a infpiré Je mouvement, ne lui donne aulli l'heu– reux fuccès que tous les gens de bien en attendent. Comme vous potfédez les deux plus infignes & plus defirables ta– lens qu'un grand Monarque puitfe deli– rer , qui font la fermeté confiante dans le bien , & l'application infatigable au travail, rien ne pourra empêcher votre cntreprife , puifque les grandes dilficul- S I R E , tés, inféparables de tous les grands def- fcins, animent votre courage, & n'affoi– blitfent pas vos réfolutions, néanmoins, StRE , celte réformation de l'état feroit imparfaite, ~ l'églife qui en e~ le pre– mier corps n y trouvo1t Con retabhtfe– ment: mais l'y trouveroit-e!le, fi elle de– meuroit dépotfédée de fon droit & de fon pouvoir légitime 1 elle en a été dé– pouillée par une jurifprudence nouvelle ciui s'ell introduire par le mépris des an– ciennes loix du royaume , & contre les otdonnances de vos prédécetfeurs. Nous laitfons à juger à Votre Majeflé fi cette cntreprife ne lui dl point injurieufe , car qui ne fait pas que le pouvoir de fai– re des loix , de les abroger & de les in– terpréter , ell la plus etfentielle partie de la fouveraine puitfance ? il y va de votre gloire, SIRE , d'abolir routes ces pcrnicieufes coutumes qui fe font éta– blies par la corruption du fiecle , & de catfer ce funelle arrêt qui a caufé tant de troubles• & qui les a toutes renou– vellées contre votre intention , & mê– me contre votre autorité : c'efl votre intérêt de défavouer ces efprits entre– prcnans, qui ont agi en vorre nom con– tre votre volonté , . comme Dieu dé– favouoit les prophetes qui parlaient de fa part , quoiqu'il ne les eût pas en– voyés. C'efl le devoir d'un grand Roi de donner des bornes i toutes les con– ditions, & de leur prefcrire des limi– tes , qu'il ne leur foit point permis de franchir ; de remettre chJque partie de ce grJnd corps de l'état dans fon rang & dans fon ordre , ~ <n confer11an1 à Céfar "' qui ejl à Clfar, de faire rendre à Dieu 11e 9ui OJ'p.anient 4 Di1u. Si le Clergé de votre royaume a eu befoin de l'autorité de V. M. pour s'af– fembler , il en aura bien encore davan· rage après qu'il fe fera féparé. Quelques faintes réfolutions que nous ayons prifes pour la conduite de nos diocefes, quel– ques avantageufes que foient nos délibé– rations pour la confervation des bien!I temporels de nos églifes , tout efl inu– tile, fi nous ne Commes foutenus de vo– tre proteétion. Nous venons vous la demander, S1RE , de la part de celui de qui les ordres font pour vous aulli fa– crés, qu'ils le font pour le moindre de vos fujets; au nom d'une mere dont vous êtes le Fils le plus illullre ; en faveur d'un corps aulli conlidérable par fon obéilfance que par fa dignité. S 1RE , jamais on n'a vu une fagetfe plus pénétrante, ni qui vît plus toutes chofes de fes propres yeux , que celle qui éclate en la perfonne de Votre Ma– jetlé. Jamais on n'a vu une prudence plus confommée , & cette prudence n'ell point le fruit d'une lente expé– rience, ni d'une facheure vieilletfe. Ja– mais vos fujets n'ont été plus fournis • ni vos ennemis plus allarmés- Jamais on n'a vu la France élevée i ce haut , & tout enfemble , à ce tranquille poinc de gloire où nous l'admirons à préfent • & où vous feu! l'avez mife: mais, S1RE • tout cela peut-il fatisfaire une fi noble & fi valle a~ition que la vôtre ? Se· roit il jufle qu'une fi belle & fi grande réputation fût renfermée dans des bor– nes fi étroites ; & puifque tout ce que: nous ayons vu dall$ les 1ieclci p• http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-13] Corpus | Histoire de Provence

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