Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 13

•4ç Evtque de Saint-Brieux. M. D. LXXIX. 4~ & Lépidus, triumvirs, impoferent fur les .Grégoire de Tours, récite que Clo– ciroyens Romains le dixiemc du revenu taire voulut prendre b troifieme pntie de Jeurs biens; mais qu'en effet, fous cou· des fruits des ~lifes, auquel un vertueux leur de ce dixieme , ils levaient les neuf évêque de Tours s'oppofant , dit : parts , & ne laiffoient aux citoyens que Si. tu ve_ux ~~vir ce qui appartient à. le dixieme. Dieu, Dieu t otera ton royaume: car c'eft Entre votre royaume, S1RE, une bonne chofe injufie que tu remplilfe tes greniers part des bénéficiers n'ont cette faveur ; des biens qui appartiennent aux pauvres, car après avoir payé les dé~imes, ri,en ~e lefqucls tu dois nourrir de .ton grenier. leur demeure du tout, tlnt ils font a pre- Cette vertueufe parole retmt ce Roi , fent ap,Pauvris: qui efl la caufe que plu- ores qu'il ftît violent & grand exalteur. fieurs ~glifes font defiiruées de pafieurs, Alexi us Commenus, Empereur Grec, & ne fe trouvent aucuns qui les veuillent touché d'une extrême repentance , par– fervir, puifqu'il n'efi loifil;ile aujourd'hui ce que fous couleur des nécellités publi– c:n la France de fervir en l'églife de Dieu ques il avoir envahi les chofes dédiées gratuitement. aux églifes, par une profellion publique, Nous efpérons toutes chofes bonnes appellée par lui, la bulle d'or; fait con– & favorables de vous , fac hant que vous fellion de fon m(fait , & impofe loi à. reconnoiffez , comme par la grace de foi & à tous fes fuccelfeurs en fon empi– Dieu & les faintes prieres de l'églife, re, par laquelle il leur défend dç mettre vou~ avez obtenu de grandes viétoires, les mains, voire fous couleur d'extrême par lefquelles vous triomphez , & juf- nécellité , fur les chofes affeétées aux qu'ici votre couronne a été confervée. églifes, ni les appliquer aux ufa~es pu- Ce feroit chofe dont la pofl~rité s'é- blics; prie Dieu que fi aucun le fait, il merveilleroit, fi vous, Roi T. C. & tant foit privé de fa lumiere, qu'en ce monde obligé à Dieu , ôtiez aux églifes ce que ni hors icelui , il jouiffe de la grace & vos prédéceffeurs , & autres perfonnes fecours de Dieu, ains qu'en tous lieux il pleines de piété & dévotion, ont légué fait déprifé & délailfé de lui. en reconnoilfance des bienfaits reçus de Les hifloires d'Efpagne portent , que Dieu , fatisfaétion de leurs vœux, ré- Ferdinand fe trouvant en extrême né– clemprion de leurs ames, pour le fervice cellité au fiege qu'il tenoit devant Se– de Dieu, nourriture des pauvres , & en- ville, ceux de fon confeil lui difant qu'il tretieudes minifiresdel'églife.Lalibérali- ne pouvoir plus entretenir le fiege ni fon té, laquelle vous avez faitpour jufle caufe armée, fans s'aider des biens de l'églife, à un particulier n'en révocable , & ne re- leur répondit : Que mieux valoir une pa– çoit condition après qu'elle efi parfaite, tenotre des eccléliafiiques, que tous leurs l'églife fera-t-elle de pire condition ? b:ens. Dieu favorifa cette fainre proref- Vos prédéceffeurs Rois ont pris les ar- tation: car dès le lendemain, contre l'ef– mes contre les oppreffeurs de l'églife & pérance de tous, la ville miraculeufc– ceux qui faifoient exaél:ions iur lesminif- ment fe rendit à fa dévotion. Le fuf,lit tres d'icelle ; ont châtié les uns par pri- Grégoire de Tours en auteur, que Gon– varion de leurs degrés & foigneuries, & tran, Roi d'Orléans, troilieme fils dudit les autres par mort , avec confifcation Clotaire , entr'autres caufes, pour lef– de leurs biens. quelles il voyoit le pauvre & miférable . Les chroniques de France teflifient que é_tat de la France, être expofé à routes Charles-le-Chauve châtia par prifon fon injures, facrileges & maléfices , auxquels fils Caroloman, clerc & diacre , pour la lignée des Clodovéens ne pouvoir ré– avoir fait plulieurs griefs & opprellions fificr; en une alfemblée de prélats & aux églifes & abba/èS qu'il tenait. feigneurs , protefb que c'étoit parce que Sera-t-il dit , S1R'.', que vous qui avez leurs peres édifioient des églifes , met– fuccédé à tant de grands Rois & Princes, toient toute leur efpérance en Dieu , qui ont, voire avec le hafard de leurs honoraient les martyrs , révéroicnt les propres vies, magnanimement combatm prêtres , & pour cette occalion rempor– pour maintenir & conferver les églifes toient grandes viétoires de leurs enne– avec les miniflres d'icelles , leurs biens mis ; mais leurs enfans ne ~arcloienr ce & immunités , les aurez opprimés , ap- que leurs peres avaient confacré , profa– ;pauvris , alfcrvis & ruinés 1 noient ks lieux facrés , mépriioienr ies http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-13] Corpus | Histoire de Provence