Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 13

7 -4-S Ev~que d'Amiens. comme les inrerprete! des volontés de Dieu comme Jes difpenfJteurs de fes myfte:es , & comme les gardiens du dôpôt facré de la iloéhine : maintenant on entreprend de juger & de décider de ces chofes divilles fans les confulter , & ainfi l'on s'attribue la plus intérieure & la plus etTcntielle partie de leur mi– nillere. Autrefois les fainrs canons étoient inviol•blement gardés , & les princes chrétiens faifoienr gloire d'en former leurs ordônnJnces; maintenant pour peu que les chofes foient contcllées , on ne fait fur quels principes les régler ; car vos juges, S1RE, font ouvertement pro– feffion de négliger les canons , & ils ne s'attachent pas même trop fcrupuleufe– ment à l'obfervation de vos loix. Autre– fois les évêques avoient une pleine au- 1orité fur le~ miniftres inférieurs de l'é– glife , qui ne fe pouvoient fous aucun prétexte foullraire à leur jurifdiél:ion fans encourir routes les peines portées par les conllirurions canoniques; main- 1enant les artifices de la chicane leur fournitTent les moyens de fe revolrer en routes occafions cantre leurs fupérieurs & de trouver l'impunité de leurs défor– dres par cette rebellion, que coutes les loix punitToient fi févérement. Autrefois il était permis aux laïques de fe tirer des tribunaux féculiers, pour fe refugier comme dans un afyle facré vers celui des évêques pour des affaires mêmes temporelles, & ce que ces peres communs avoientréglé fur les différends de leurs enfans , patToit pour un arrêt rendu fouverainemenr , & contre lequel on n'éroit plus reçu à faire de nouvelles procédures. Aujourd'hui l'on ne veut pls fouffrir qu'ils connoitTent des chofes mêmes fpirirnelles, ni que les eccléfiaf- 1iques procedent devant eux; on les . force au contraire pl< toutes fortes d'ar– tifices & de rigueurs i répondre devant les juges laïques. En ce temps-là les deputés du prince qui étoient envoyés, comme font aujourd'hui les inrendans de julbce d1ns les provinces , avoient ordre de faire exécuter les ordonnan– ces des évêques , & les évêques comme les cenfeurs publics érab~is de Dieu, étoienr conviés par les Ro;s d'obfer– ver la conduire de ces officiers, & .d'employer l'autorité fpiritnelle pour le' 'on~nit dans !eue devoit ; mais M. DC. LXVI. 74'° maintenant les magillratS, contre les or– dres de Votre Majellé, renverfent tous les réglemens eccléfia~hques, enrrepren· nent d; cenf~1r;r des)1vres, & ufurpent toute 1 autorae facree: enfin l'on croyait en ce temps-là que les biens de l'églife étoient le dépôt de la piété des lideles, le prix dont ils racheroicnr leurs péchés, le patrimoine des pauvres & des miféra– bles ; & qu'étant des chofes dédiées i Dieu , l'adminillration n'en pouvoir ap– partenir qu':l des perfonnes confacrées à JEsus-CHRIST , mais préfenrement les laïques ne fe contentent pas d'y porter la main , & de s'en rendre abfolument les maîtres, ils la ravitTent entiérement aux eccléfiafüques, & ils font gloire mê– me de cette entreprife, comme s'ils ren– doient quelque fervice à Dieu , contre lequel néanmoins ils commeltent un véritable facrilege. Vous voyez , S1RE , quelle ell la fer• vitude de l'églife dans votre royaume , que nous n'avons gude d'imputer à V. }vf. ni à vos augulles prédécetTeurs, puif– que nous n'en connoitTons point d'autre caufe que les nouvelles enrreprifes de vos officiers , qui par le pouvoir que vous leur avez commis , · fe trouvant maîtres de la vie & des biens de vos fujets , ont voulu étendre leur puitT•nce jufques dans le fanlluaire & d1fpofer abfolument des chofes qui regardent la religion & la confcience. Yorre cœur, S 1RE , ne ferJ-t· il point touché de cet état , dans lequel gémit préfentement l'églife votre mere, qui vous a enfanté i JESUS-CHRIST 1 ce cœur fi grand & fi généreux, fi animé des fentimens de la religion , & fi occupé de ce detTein vraiemenr royal de la réformnion géné– rale de 1' état , ne conc~'vra- t~ il pas le fainr defir d'affranchir l'époufe du Sei– gneur, & de lui rendre fa premiere li– berté ? Dieu par qui vous régnez Jvec tant de gloire, vous demande le rétablif– fement de fon regne fpiriruel; le pou– vez-vous , SrRE , refufer fur la terre i celui qui du haut des cieux verfe tant de bénédiél:ions fur le vôtre ? Si nous avions à traiter avec ces foi– bles princes , qui n'ont pas la tête atTez forte pour foutenir une couronne, qui ne voient que par les yeux & n'enten– dent que pu les oreilles de leurs favo– ris , qui n'aiment & ne haïtTent que par des pallions étrangetes , qui aband1111:; http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-13] Corpus | Histoire de Provence

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