Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 13

739 Remontrance de meffire Franfois Faure ; cle feindre qu'il y a du cas privilégié : ce qui n'a lieu néanmoins que dans les atlions les plus noires & les plus exé– crables. Que fi l'églife veut en celles rencontres fe défendre , & conferver quelques regles de fa jurifdiétion , on force fes prifons, on fait violence à fes officiers, on les condamne en de gro1Te9 amendes , on enleve tous nos titres; & pir un enchaînement d'injulles procé– dures ' on déshonore leurs perfonnes' & l'on profane la faintecé de leur carac– tere. Enfin , S1RE , par mépris des ex– communications fulminées dans les faines décrets, & par une oppofition manifelle ;à vos ordonnances on juge les prêtres fans la pircicipation de l'églife ; on les envoie au gibet fans les dégrader ; on les étrangle, on les rompe, on les brille avec coutes les macques du facerdoce de )ESUS-CHRIST, II n'y avoit que le grand pontife par– mi les anciens Romains , qui pile con– damner les vellales; & de quelque nature que fuffent leurs crimes , on ne les mec– toit jamais entre les mains des exécu– teurs de la jullice. On les enfermoic tou– tes vives dans une cave, comme dans un fépulcre ; où avec un peu de pain , d'eau & de lumiere, elles attendoient la more que perfonne n'ofoit leur donner, par cette feule raifon , qu'elles avoient gardé le feu facré. Quelle impiété con– traire au fentiment naturel des payens , les nouvelles formes de la jultice ont– clles apportée depuis peu dans la France? & fur quel fondement peut-on avoir introduit une jurifprudence fi profane dans un royaume fi chrétien 1 Ces prétextes, SIRE, ne îont que trop fulfifans :iux laïques pour ufurper toute la jurifditlion de l'eglife : néan· moins on n'en demeure pas encore là. Les officiers de la jullice féculierc ne cherchent plus de donner couleur à leurs encreprifes ; ils ne fe rcllreignent plus dans aucuns faits particuliers ; ils ne s'attachent plus à aucunes regies : dé– formais tnutes fnrtes de matieres kur font égales , & il n'y a rien de fi facré ni dé fi divin dont ils ne s'attribuent I~ conn.oiffa.n~e .•Nous en pourrion~ tirer une mfintte d exemples des regilhes de v?s cours , puifquc l'on n'entend parler d autre chofe que de ces forres de juge– mcns dans routes les provinces de votre 1oyaume .; mais les arrêts des grands- jours de Clermont nous délivrent du foin d'en faire d'autre; ce qui s'étoit pra· tiqué féparément en dilférens tribunaux• & en divers temps , y a été renouvellé en un feu! lieu , & en un feu! jour. Il n'y a aucun endroit où l'églife n'ait été blelTée; fes loix y font violées, fes minif– tres déshonorés , fes droits ufurpés • fa liberté tellement opprimée , qu'il ne lui en relle que pour fe plaindre & pour demander juftice, à Votre Majefié. Jufques à cette heure, S1RE, l'églife qui efi gouvernée par le Saint Efprit • & intlruitc par la fainte écriture & par la tradition divine , avoit puifé dans ces grandes fources de fa dotlrine ces ma– ximes, qu'il appartenoit de droit divin aux évêques de vifiter les lieux faints • les abbayes , les monallues , les prieu• rés, les cures & les chapelles; d'informer de la vie & des mœurs des eccléfialti– ques , d'ordonner de la célébration du divin fervice , de l'adminiftration des facremens , de l'accomplilTement des fondations , de l'incompatibilité des bénéfices ; de juger des portions con· grues, & de la fubfiftance des minif– tres , d'en décerininer le nombre, & d'en régler toutes les fonétions; de faire garder la clôture des religieufes, de re– cevoir les comptes des fabriques , de. pourvoir à l'adminiftration fidelle & lé– gitime de leurs revenus, aux réparations des lieux faints , & aux chofes nécef– faires pour la célébration des divins myfteres ; mais , S 1 RE, il a plu à la cour des grands-jours d'en ordonner au– trement; elle a déchargé les prélats de ce foin, & l'a transféré aux juges laïques, qui vifiteront par fa miffion jufques aux chof,s les plus facrées & qui connoî– tront, fi Votre Majellé permet que les arrêts foient exécutés , de l'adminifita· tion même des facremens. Nns anciens avoient cru que l'églife, fondée fur les apôtres , ne pouvoit fub– filter fans les évêques qui tiennent leur place , comme leurs fuccelTeurs lé~iti­ mes ; & que leur minillere é1oit effen– tiel à la religion. 115 étoient perfuadés que l'on n'en pouvoit fufpendre ni em– pêcher l'effet fans mettre en péril l'état de l'églife & le falut des fideles. lis avoient appris de la vérité même , que chacun dev11it leur obéir comme à )Esus-CHRIST, & que l'on ne !.es .pouvoit méprifcr fans méprifer le Fils http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-13] Corpus | Histoire de Provence

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