Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 13

'639 Remontrance de Meffire Louis Henri de Gondrin; dans leurs excès , & leurs violences. Pourcela, S1RE, je n'ai qu'à repréfen– ter en peu de paroles à V. M. J'imJge fidelle du plus injurieux mépris qu'ils ayent jamais témoigné de l'augufie fa– crifice du corps & du fang de J. C. C'a écé à Flore~fac, petite ville de Lan– guedoc , qu'ils fe font voulu fignaler par une infolence fi extrême, qu'elle leur a même paru trop horrible & trop fcanda– foufe pour ofer la pr?duire aux yeux du · foleil; ces en fans de tenebres ayant cho11i celle de la nuit pour commettre cette ac– tion criminelle. Il n'y a, S1RE, que peu de mois que I.e juge de Florenfac, qu'on appelle vulgai– rement Je viguier , & qui en fon nom s'appelle Truc, conçut le delfein nou– veau & abominable de fe jo~er des céré– monies de l'églife catholique , par une imitation toute facrilege & toute profa– ne. Il alfembla la nuit au clair de la lune plulieurs huguenots , qui allerent par les rues déguifésen prêtres, cha11!ant à plu– fieurs reprifes les paroles latines de l'é– criture , que les prêtres répecenc Cou– vent dJnS la célébration du divin office, lorfqu'ils fouh.1icent que le Seigneur foie avec ceux qui y afiiilenr. Enfuite de cet– te proceaion fcandaleufe, ils s'alfemble– renc fous une halle; ils contrefirent cou– tes les cérémonies 'que l'églife catholi– que pratique dans le faine facrifice de la melf~ , ils kverenc du pain & du vin , & pour ne rien oublier de tout ce qui pouvoic rendre pufaice & accomplie cecce illulion diJbolique , ils donne– renc encore la communion aux afiifians qui étaient complices de leur fiaion impie , fans redouter les yeux de plu– fieurs autres perfonnes qui en furent les ' . temoins. Le bruie d'une a(lion li honreufe & li infolente étant venu à Touloufe votre puJement, dont le zele pour la religion catholique eft égal à fa fidélité pour vo– tre fervice , étant ému d'une julle in– dignation , lit informer de ce fait, & prendre prifonnier ce juge qui avait dit ce.tte mclfe feinte, & éroit le premier auteur vilible d'une fi inligne profana– tion , dont lt démon , chef de tous les hérétiques , était l'auteur invilible. Ces mots .d'i.nformation& d'emprifonnement du c'.1m10el, ont déjà fans doute fait ju– ger a V. M. que cette cour fouveraine a fait le proc~s à cet infolenc, & expié par fon fupplice un facrilege li exécrable ; cependJnt , SIRE, cette aétion li noire, ce crime fi puniff.ible dans un royaume: catholique comme ell le vôtre , cet at– tentat, qui crie vengeance au ciel & à la terre, ell demeuré jufques à préfent fans être vengé. Comme l'hérélie n"e!l qu'une pure f.1c– tion, & que ceux qui témoignent ie plus de fureur contre la vérité catholique , font honorés par elle du titre de dévots & de zélés; tout le parti huguenot prie auffi-tôt Ja déf.:nfe de ce prifonnier , dont ils devaient eux- mêmes condamner l'audace, puifqu'elle avoit choqué la difcipline publique , violé l'ordre des loix , & trairé de faux & de ridicule un mylle1 eque tous les ordres de votre état, & V. rvt. même, honorent comme vé– ritable, & comme divin. Leur prérendu député , en exécution de cet arrêr d'évocation génénle dont nous nous plaignons , a obtenu un arrêt de vorre confeil , pour faire renvoyer ce Truc prifonnier au parlement de Greno– ble. Ils veulent que celui de Touloufe ne le juge point, parce que l'intégrité incorruptible de cette cour fouveraine leur efi fufpeéte. lis veulent que les en– creprifcs faétieufes & criminelles de ceux de leur parti , ne foienc pas expofée5 à la jufiice des magillracs ordinaires, af– feétionnés à la religion de !'état , mais à des juges éloignés , auxquels ils efpe– rent de pouvoir plus facilement déguifer Jeurs crimes. En un mot , S1RE , cette- hérélie qui n'efi d'elle· même, felon les faints doc– teurs, qu'une efclave revoltée , veut pou– voir infulter impunément à !'époufe lé– gitime de J. C. comme la fervame d'A- - braham nommée Agar , qui étoit la fi– gure des hérélies felon ces peres , in– f ultoi~ autrefois à Sara, femme de ce patriarche, laquelle étoit la figure de l'églife catholique. Que li l'églife, qui n'efi armée que d'une magnanimité apofiolique , qui ell celle d'une conllance invincible , & d'une immobile patience , ne craint point fes ennemis ; Votre Majellé qui efl: armée de route la puilfance que le ciel a donnée aux plus grands Rois , peut– elle rien craindre en cette rencontre ' finon de ne pas alfez craindre le Tout– puilfanc, qui rend aux princes comme aux particuliers , Celon leurs œuvres ~ http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-13] Corpus | Histoire de Provence

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