Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 13

·,; 1' Remontrance de Meffire Antoine Godeau ; 610 ervice de Votre Majellé qui a le prin– cipal intérêt en cette enrreprife ; c'el~ cene grande tête qu'ils ont elfayé d'a– battre, afin de ruiner le corps plus aifé– ment; ils ont décrété une prifo de corps contre lui· ils ont ordonné qu'il ferait conduit d;ns les prifons royales, & s'il né pouvoir être faifi, qu'il feroit ~rié à. trois briefs jours. Qui ne croira, S1RE, par les termes d'un arrêt fi fulminant , ou que monfieur l'archevêque de Nar– bonne a voulu faire foulever le Languedoc contre Votre Majellé , ou qu'il a eu delfdn de le livrer aux Efpagnols, ou qu'il a commis quelque autre crime q~i fait horreur au ciel & à la rerre? Mais fi on veut s'informer de la vérité, il fe trouvera coupable d'avoir fervi Votre Maiellé dans les derniers états, d'a– voir confervé leur autorité contre les entreprifes du parlement, d'avoir refufé d'ouvrir les portes de Narbonne à deux commilÎlires interdits par un arrêt de votre confoil. Y eut-il jamais une con– duite plus pallionnée, plus ardente & moins réguliere? L'épifcopat peut-il ja– mais être plus indignement méprifé ? Je frémis d'horreur , quand je penfe qu'il ne s'en ell gueres fallu, qu'on n'aie vu arracher un archevêque de fa mai– fon , de fon fiege , de fon églife , de l'autel , pour le conduire lié & garroté par une province , où il a fi glorieufe– ment maintenu les peuples dans votre obéilfance , & où il eft fi recommanda– ble par fa condition, par fes emplois & I!ar ~a vertu. Qllel. deu~I public pour l'Eglife ? Quel objet d horreur pour le ciel ? Quel triomphe pour l'enfer ? Quelle viétaire rour l'héréfie ? Il efl vrai que Votre J1.,1aje!lé a elfayé d'arrêter un fi horrible défordre , par l'lrrêt qu'elle a donné pour ce prélat; & il ell conçu en des termes fi fans, qu'à fan égard, il a fujer de demeurer très· fatisfait: mais , SIRE , toute l'églife de France étant intérelfée en fon injure , d'une fa– çon très fenfible & très-importante , elle ne croit pas fe devoir conrenter de cette réparation porriculiere : elle vient en demander une ;\ Votre Maje!lé , qui leve la tache dont elle ell flétrie & qui rem.~di~nt '~ palfé, empêche'en– core qua 1 avenir une entreprife ou pou; me fervir du terme de Votre Ma– Jelle .' un a~t~ntat inoui ne palfe pour un ucrc: kgnime 1 ou pou' un bon exemple. Je ne veux point en ce lieu alléguer les oracles des fainrs conciles> qui ont tous fi uniformC:ment réglé la fa~on de juger les évêques. Je ne veux point parler des Chilperics , des Chil– debens, de Charles· le Chauve, & des autres Rois vos prédéce!Teurs , qui ont dénoncé dans les fynodes des prélats criminels de leze majellé , pour leur faire leur procès. Je m'abfliens même de vous repréfenter la conduite que tint le feu Roi votre pere, dont la mémoire fera fainte tant qu'il y aura des autels , quand il fut quellion de juger quelques évêques du Languedoc. Je me contente du dernier oracle de votre bouche, de l'arrêt de votre confeil , qui appelle ce· lui du parlement de T ouloure un atten– tat, & par lequel vous ordonnez. qu'il fera tiré des regillres , avec défenfe d'u– fer de femblable procédure à l'avenir, à peine de défobéilfance; & pour ceux qui mettront reis décrets à exécution , de punition exemplaire. Cet arrêc fe peut nommer un fou– dre , formé non pas dans une région fujette à être obfcurcie & troublée par les vapeurs qui s'y élevent, mais dans un ciel ferain d'ou elles ne peuvent ap– procher; où vous avez eu pour intelli– gence allillante, la Reine votre l\1ere, qui n'a pas· moins de lumierequedecha– leur pour le bien de votre état; où les princes de votre fang, qui font fi zélés pour la confervation de votre autorité; où le chef de la jullice en France , qui ell fi ferme , fi éclairé & fi prudent ; où vos autres minillres , qui fonc fi fages , ont contribué leurs mouvemens fans trouble & fans altération. Ce foudre devait linon atterer , au moins étourdir un peu ceux furlefquels Votre l\1ajellé le lançait avec une fi prudente vigueur. Que dis· je? Ils devaient s'ellimer rede– vables à votre bonté paternelle, laquel– le , au lieu de les mettre en poudre, leur otfroir un moyen de falut , & qui travaillait à conferver la réputltion de leur compagnie , fupprimant la mémoire d'une entreprife paflionnée , capable de la déshonorer dan~ la pollérité; mais , S1RE, bien loin de prendre la main que Votre Majefié leur tendoit pour les re– tirer du précipice où la paflion les a jettés ; oferai-je le dire ? le pourra-r-on entendre fans frayeur ? Au lieu de pren· dic: ave' 1c:fpcét VQUC main royale, Ili: http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-13] Corpus | Histoire de Provence

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