Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 13

Remôllti'dlU~ ile Meffite Antoine Codeau ; Remontrance du Clergé de France , ajfemblé à Paris, faite au ltoi Louis X/ V. la Reine fa mere pré– Jente , le 7.. ao~t ; If f I. rar il! uf– triffime & reverendifjtme mef– fire Antoine Godeau, évêque de Graffi , far les arrlts rendus par le parlement de Touloufa , contre plufieurs évêques. Si on voit de l'étonnement fur mon vi– fa•e, fi le ron de ma voix ell tremblant, V~rre Majellé me permerrra de dire au– jourd'hui, que ce n'ell pas feulement la gloire qui l'environne , & l'éclat du doigt de Dieu fi vifiblement gravé fur fon front augulle, qui produifent cet elfet en moi. L'une, je le confelfe, m'é– blouit en vous abordant, mais il me fem– ble qu'en même temps elle jerreune nou– velle lumiere dans mon efprit. L'autre me donne de la crainte, mais c'ell une crainte religieufe, relie qu'on la fent en approchant des chofes facrées, & qui ell toujours fuivie de confiance. Ce qui confond mes penfé~s, S1RE, ce qui me fair trembler, ce qui me met en défordre, c'efl l'indignité , l'injullice, l'énormité du fujet dont je me trouve chargé de par– ler i V. M. au nom de tous les évêques de fon royaume. Que dis-je? C'ell au nom de route l'églife , que je viens lui faire entendre h plus vive , fa plus cruelle & la plus inconfolable douleur -ci.u'elle air foufferre il y a long·remps. Elle a toujours été une colombe gérnif– fanre depuis qu'elle a perdu la préfcnce .de fon époux, qui faifoit route fa joie, & qu'elle s'ell vue en un pays étranger, au milieu de fes ennemis ; mais elle avoue que le mal qui la fait gémir au– jourd'lrni, l'accablant par fa pef:1meur, .l~ fuypre~d étrangement par fa nou1•eau– te. E!le n tll plus dans ces fiecles de fer & <le fang , où elle ne pouvait trouver .:l'afyle ~n aucun lieu de la terre & où 'l?us les hommes étaient P·>Ur eÎle des a1J:le5 & d!= 'l!auto11rs qui la pourfui- voient, fans lui donner un moment de relâche. Elle n'a plus à craindre un fé– nat compofé, non pas d'autant de dieux: que de fénareurs, mais d'autant d'en ne• mis du vrai Dieu, qui penfoient prou• ver leur piété par leurs édirs fanguinai– res contre fes ferviteurs , & qui perfé– curoient parriculiérement les palleurs de fon troupeau. En France cette églife· éplorée croyoir être non feulement corn· me dans un lieu de fureté; mais, s'il m'ell permis de parler ainfi, d'une pélé– rine, comme dans fa patrie. En Fran• ce, elle a fon fils-aîne pour fon défen– feur. En France, les loix font armées pour la confervation de fes biens, de fon · honneur , & de fes privileges : toute– fois, SIRE , en France, dans le tetnps de fa paix , fous un héritier de S. Louis • fous un Roi de miracle, fous une régente dont la vie en une loi de piété pour les peuples, I' ér;iife vient de recevoir des injures qu'elle ne devoit craindre que dans la chaleur des plus cruelles perfé-' curions. Un parlement de votre royau– me, & un parlement qui difpuroirà tous· les autres la gloire du zele pour la reli– gion catholique, le parlement de T 011·· loufe, SIRE , oubliant fes premiercs maximes , & fe démentant lui même• par un· malheur que nous déplorons• vient de flétrir par fes arrêts l'honneur du royaume très-chrétien; de fapper la religion que vous profelfez , par un de fes plus folides & plus vénérables fon– demens, & de fe porter i une entrepri– fe , que non feulement tous les autres parlemens, comme ils font fages & reli– gieux , condamnent avec des termes qui nous confoient, mais que la plus faine partie de ce corps dont nous nous plai– gnons , qui n'ell pas maintenant ni la plus grande, ni la plus fone, ne fe peuc empêcher de détetler. Cette plainte a déjà été portée à Vos Majellés par une bouche fi éloquente, qu'après elle, je ne puis faire autre chofe que begayer. L'horreur que vous fit les difcours de monfieur J' évêque d'Uzez , parut peinte fur vos vifagcs, & fans parler, vo5 yeux nous donnerent des marques de vo– tre religieufe indignation. Elle ell, fans doute encore demeurée dans vos ef- , • I I prirs, parce que comme ce fut la p1ere qui J'y fit entrer, c'eft elle qui l'y confer– ve , après 9ue le fon des paroles de ce prélats' cil evanoui. Jeme trompe, S1RB. http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-13] Corpus | Histoire de Provence

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