Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 13

Remôntrance de Mejfire Jean Fr. P. de Condy; f~à Remontrance du Clergé de France , affemblé à Paris , faite au Roi _. Louis XIV.-en préfance de la Rei– ne régente fa mere, le JO. J~illet I 64 6. par ilfujlriffime & révéren– dij]ime meffire Jean franfois Paul de Gondy, coadjuteur de Paris, depuis cardinal de Rais , aff ijlé du cardinal Mar_arini, des arche– vêques , évêques & autres de'pu– tés en ladice affemblée. Je porte à Votre Majefié des paro– les qu'elle doit refpeéter, puifque ce {ont celles de Dieu , qui par la bouche de fes minitlres vous parle pour fon époufe. L'églife, cette époufe facrée de J. C. cette mere fccondc des fiJeles , qui parle toujours à Dieu par des prie– res , & qui ne s'explique jamais aux liommes que par des oracles, infpire aujourd'hui en quelque maniere cette même conduite à ceux qui compofent une de fes plus belles parties , qui cil: l'Eglife de France, & fait qu'en qualité d'ambalfadeurs du Dieu vivant ( pour fe fervir des termes de faine Paul) ils vien– nent préfentement en corps répandre fur Votre Majellé, les bénédiétions qu'ils obtiennent du ciel par leurs prieres, & vous porter en même-temps les oracles facrés, c'ell-à-dire, les vérités ecclé– fiafiiques. Nous avons, S1RE, commencé l'af– femblée pardes remerciemens très-hum– bles de la grace que Votre Majefié nous a faite 4e nous la permenre; nous l'a– vons continuée par des aétions, qui a_près la gloire de Dieu n'ont eu pour fin que le fervice & les avantages de votre couronne ; & pour répondre i ces com– menceonens, nous ne la faurions finir que 1:1ar ~os prieres , que nous venons offrir a Dieu en prérence de Votre Majelté , nous. demandons pour elle la proteétion du ciel ; & remblables à Moyfe dont l~s m~ins élevées ~ouronnerent: pour amfi dire , les Jrraelitcs en cette grande bataille qu'ils donnerent par le corn- mandement de Dieu contre les peu– ples d'Amalec , nous étendons nos mains facrées fur votre facrée perfon· ne , pour la remplir de bénédiétions célefies en cette grande guerre , que: les ordres de la providence vous font foutenir dès vos plus tendres années avec tant .le gloire pour la liberté de l'Europe. C'en par ce moyen, S1RE, que nous elfarons de rendre à V. M. nos très- hum– bles devoirs. Les prieres font les véri– tJbles , font les naturelles voix de l'é– glife, par lefquelles elle s'explique, par lefquelles elle témoigne fon affeétion, fans foupçon, ni de ffatterie ni d'intérêt. Elles s'adretfent i Dieu, qui connoîtla vérité des fentimens qui Jes produifent, & elles fe font pour V. M. qui en ref– fent tous les jours les effets par fcs vic– toires. Les vœux que le Clergé de France fait pour vos avantages, font les véritables atfurances de fon fervice, font le! meilleures marques qu'il vous puitfe donner de fa paffion, puifque ce font les plus utiles. Ils attirent fur vous les bénédiétions du ciel, qui font les fources des bonheurs de la terre; & il ell de vérité évangélique , que vous triom– phez. beaucoup moins_ par vos armes , que par fes prieres. Nous les faifons avec plus de droit & avec plus de con– fiance pour le fuccetfeur des Louis & des CHARLES, que ce grand homme de guerre, dont il ell parlé dans l'écriture, ne les faifoit autrefois pour l'héritier de David. Il demandoit l?ubliquement à Dieu qu'il continuât à Salomon la pro– teétion qu'il avoit donnée à Con pere. Les graces, que les Rois Très-Chré– tiens vos ancêtres & vos prédécetfeurs ont reçues du ciel , ne font pas moins importantes ni moins lignalées. Nous en demandons à Dieu la continuation par des prieres ardentes , & nous join– drions à ces prieres les alfurances de J'obéitfance très-humble que nous vous devons, fi nos croix, qui nous attachant à Dieu plus paniculiérement que le refie des hommes , nous attachent à Votre Majefié qui êtes fon image vi– vante , plus particuliérement que le relle des François ; fi nos croix , dis· je, ne témoignoient beaucoup plus forte– ment que nous ne le pouvons faire par nos paroles , que l'Eglife de France , pour être compofée de vos peres , ne JaiJfe pas d'être l'élite des plus lideles, des http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-13] Corpus | Histoire de Provence