Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 13

5 S 1 Remontrance de Meffire Nicolas Grillet ~ 55 ;1 divin caraltere; je ne fais pu quel mal- nir à bout d'en avoir aucune raifon de~ heur depuis quelques années , foit que puis fix, huit & dix années. )'avarice prédominante , ayant fait con- Je n'ajoute pas ces derniers mots de• voiter injullement les biens de l'Eglife, vant Votre Majefié, pour nous plain• ait aveuglé les féculiers jufques ,à ne dre des tribunaux de votre jullice, cc reconnoîrre plus la dilhnétion du facré n'ell point l'intention de notre difcours, d'avec le profane ; fait que la religion vos cours d'ordinaire font très-promp· même, & le fentiment intérieur de Dieu tes à fecourir vos fujets, & ne leur dé– étant diminué par les vices, les aie fait nient point l'appui de la légitime au· méprifer également le maître & les fer- torité que Votre Majefié leur a dépar· viteurs ; nous voici preffés par la vio- tie; mais notre mal a été fans remede, lence d'aucuns de vos fujets, & réduits & les violences fG1nt demeurées impu– à recourir à la piété & jufiice de Votre nies, & le feront toujours, fi le fecours Majellé, l'vlADA~IE, & nous plaindre ne vient de plus haut, c'efi-à-dire de de ce qu'en plulieurs endroits de votre Votre Majellé , pour deux raifons. La royaume, diverfes perfonnes, & prin- premiere, parce que quand un eccléliaf– cipalement les gentilshommes abufanc tique a été excédé par un gentilhomme, de la force & de l'autorité que Votre la même main facrilege qui a bien ofé Majellé leur a donnée , fe font oubliés frapper la perfonne facrée du prêtre ; à ce point, non feulement d'envahir menace, & ell levée & toute prête pour avec violence les biens de nos bénéfi- affommer les pa)'fans, (s'ils étaient fi ces , & nous d~nier nos droits légiti- hardis que d'aller témoigner autre chofc mes , mais qui pis ell , de s'emparer de que ce qu'il plaît à leur petit tyran·, a11 la fupérioriré des églifes, difpoîcr des moyen de quoi vos juges n'ayant fur quoi places des féances & des fépultures; affeoir leut jullice, font contraints de d'y vouloir être marguilliers perpétuels laiffer le crime impuni. La feconde rai– & mJÎtres des revenus & des ornemens fon ell , parce que quand un eccléfiaf– des facrillies ; d'y faire dire la meffe & tique , après beaucoup de longueurs , le fervice à telle heure qu'il leur plaît ; de frais & de peines, a obrenu des chaffer les prêtres établis par les evê- cours de votre royaume une fentence ques , s'ils ne leur agréent, pour en ou un arrêt tr~s-julte , étant nécelfaire avoir à leur poile; & ce qui ell très- de venir enfuite à l'exécution , le pau– dételhble, fi quelque eccléfiafiique, ja- vre bénéficier, qui n'a pour armes que Joux jullement de fa charge , a voulu les laru1es ; pour puiffance , que la fpi– réfiller à leurs entreprires, & n'a pas du rituelle, inutile & ridicule vers le mé– tout cédé à leur violence, ils ont ufé chans; pour amis, que les amis des mi– de la main & du bâton. Des prêtres , férables, c'efi-à-dire perronne, demeu– des prêtres en votre royaume, MAoA- re court, avantagé en papiers & par– M!, ont été outragés & battus invo- chemins, mais en elfer, fans autre fruit quant pour né>nt le nom de leur Dieu que d'avoir aigri fan rerfécutrur, triom– & le vôtre, & oppofant en vain leur phant par la force , & tout prêt à tuer habit facré & leur caraélere, inutile celui qu'il n'avait que frappé , le mena– devant ces impies , qui tranchent des ~ant tous les jours , s'il ne fait ceffer tyranneaux, & ne refpeélent ni la puif- la voix de fa plainte, de lui faire per– fance de Dieu, ni la vôtre. L'anathê- dre la parole & la vie. Voilà l'état otl me fulminé p>r tant de conciles contre nous voyons réduites auiourd'hui plu– ces füppôts du diable, n'a de rien fcrvi: lieurs perfonnes ecclélialliques , vivan·· ils ont tué les freres & les parens des tes fous l'abri de votre très-chrétienne pauvres curés , chaffé leurs valets , dé- couronne. fendu qu'?n leur donn:Îtni pain, ni vin, li ell vrai que nous avons un incom– nt eau, nt pour la maifon, ni pour l'au- parable & très fûr appui en la piété & tel ; & en un mot , il faut que Votre jullice de Votre Majellé , mais hélas ! Mai;llé ~ache, s'il lui plaît, que l'ordre à notre malheur , elle efi par fois bien eccleliall1que , en quelques endroits de loin des affligés ; elle & fon confeil , votre r_oyaume_, a foulferr pis qu'il ne quoique très zélés au fervice de Die11 pourrait foulfnr en une région très-in- par la trop limitée nature des hommes! fide:e & 6 arbare, fans qu'on air pu ve- ne peuvent pas être en tous lieux 1 qi \ http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-13] Corpus | Histoire de Provence

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=