Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 13

~ 7 r Remontrance de mejfi.re Jean rir les )oix divines aux fantailies hu– mlmes. · Us ont beau crier, S1RE, contre nous, ils ne nous perfuaderont jamais que la piété de Votre l\1ajellé , qui aujour– d'hui emploie routes les forces de fon état pour délivrer un feu! archevêque étranger de la captivité des Efpagnols, veuille, au préjudice de fa parole, de fes loix & de celles de Dieu , perdre fa réputation & celle de fon royaume, pour réduire en fervirude près de fix vingt archevêques ou évêques fes très· humbles fui ers , & en leurs perfon– nes l'Eglife Catholique. Quel crime de penfer qu'un 1'1onarque, dont la piété conduit la jullice , & la iullice roures fes aétions, & qui nous atfura n'agueres qu'il préféroit l'honneur & le bien de )'églife au lien propre, & à celui de fon érat , entreprenne d'ufurper auiour– d'hui ce qui lui ell fi vénérable & fi fa– tré ? Arriere relies penfées, & encore · plus relies perfonnes , qui voudraient que Votre Majellé parût aulli pleine de meconnoi[ance envers Dieu & fon églife , qu'elle en ell admirablement protégée & fecourue , & qui ignorent que c'cll le propre des bons Rois de tempérer la force de leurs armes par ùne fainte défiance, & d'examiner tout ce que les fujets veulent entreprendre fous leur nom, rant ils font éloignés de (ouffrir qu'une facrilege ufurp.nion d'un droit divin foit intitulée du nom royal ou de régale. S1RE , quand en certe mariere je me fers du terme de facri/ege , je rien• le langage des Rois vos prédéce[eurs , Louis XII. pour exemple, qui l'an 1499. défendit à fes officiers , fous peine d'erre punis comme facrileges , de s'in– gérer & fe mettre dans les archevê– chés , évêchés , & autres bénéfices èfquels il n'avoir droit de régale ou garde; qui ell une preuve manifelle que votre couronne ne vous acquiert pas ce droit univerfellemenr, puifque les défenfes de l'étendre dans le royaume font fi folemnelles & fi religieufes. Ce Roi magnanime , furnommé les délices du peuple, n'ignorait pas que Philip1Jes- Jaubert d-e Barrault, &c. 47z. de-Valois, Con prédéce[eur, avoir long– temps auparavdnt tout le premier des Rois , décbré Ja nature de ce droit , qu'il limire à quelques églifes, & donne à connaître que l'ancienne IJOlfeflion doit [ervir de bornes au droit de ré– gale , ainfi qu'il paraît en l'ordo11nance qu'il lit au bois de Vincennes l'an 1; !4• communément appellie la Philippine. & le Roi Henri-le· Grand , pere de Votre Majellé , dont la grandeur fur– pa[e toujours les louanges des hom– mes, voyant naître ce monllre, l'étouffa l'an 1606. par un édit très-exprès , qui fut fans difliculré 9uelconque vérifié au parlement de Pans. Votre Majellé , qui nous etl donnée du ciel comme un Hercule célelle , à qui il femble que tous les monllres s'adrelfent pour ne laitfer aucune r.iatiere de gloire à fes fucce[eurs, ne manqua pas l'an 1619. de l'abattre de nouveau par une fem– blable déclaration, qu'elle fit vérifier en fa préfence au même parlement. SIRE , le voici derechef comme un hydre qui fe IJréCente à vous avec plus de force & de vigueur que jamais, fous le manteau de votre autorité & de vos loix , aux– quelles néanmoins nous avons toujours f•it profellion d'obéir, & de montrer par abondance de raifons , & en ter– mes exprès , l'exemption que quelques provinces ont du droit de régale, & qui n'ont été unies à votre couronne qu'à cette condition. De quel front donc peut on attribuer à celui qui porte fi dignement le titre de jutle , un renver– femenr de fa parole & de fes loix fi au– thentiques & fi équitables ? Nous ne doutons point , S1RE , que Dieu ne permette en ce temps de fi hardies en– ireprifes contre fon églife, afin que vo– tre jullice ne Coit pas moins confacrée à la piété, que verre généralité & vo– tre valeur ; & que le Clergé de votre royaume , prenant plus de part à vos aétions que rout le relle de la France, en célebre aulli 1Jlus vos louanges, & fe déclare IJUbl iquement en tout temps & en routes occafions, comme nous faifons de ra part' vos très-humbles' très·obéi[ans, & très·lideles fujets & ferviteurs. http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-13] Corpus | Histoire de Provence