Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 13

• ~ 9 S Remonttance tfe Encore qu'ils (oient exemprs de tous impôts , il y en a peu à quoi on ne les veuille affujettir; on les prive de leur jurifdiél:ion , on fouffre que les ennemis de la foi polluent tous les jours impuné– ment les lieux les plus facrés par leurs profanes fépultures: de plus , contre les édits & la rJifon, ils retiennent par for– ce & violence leurs églifes, empêclllnt d'y publier la parole de Dieu, pour y annoncer celle des hommes. Ec partant on peut dire avec vérité, que }'églife fe trouve, en mê.me - t~mps privee d'honneurs, depou1lleede biens, frullrée d'autorité , profanée, & telle– ment abattue, qu'il ne lui relleroit pas des forces pour fe plaindre, fi fe reffen– tant aux derniers abois, & voyant de– vant elle le médecin de qui feu! elle peut recevoir guérifon, elle ne faifoit un der– nier effort pour lui toucher le cœur de telle forte, qu'il foit mu par pitié, con– vié par religion , & forcé par laifon à lui rendre b vie, le bien & l'honneur tout enfemble. Or afin que V. ~f. connoiffe la jullice de fes plaintes , & de fes très-humbles remontrances , elle confidérera , s'il lui plaît, quelle raifon il y peut avoir d'é– loigner les ecclélialliques de l'honneur de fes confeils, & de la connoiffance de fes affaires, pu ifque leur profellion fert beaucoup à les rendre propres à y être employés, en tant qu'elle les oblige particuliérement à acquérir de la capa– cité, être pleins de probité , fe gouver– ner avec prudence, qui font les feules conditions néceffaires pour dignement fervir un état; & qu'ils font en effet , ainfi qu'ils doivent être par raifon , plus dépou'illés que tous autres d'intérêts par– ticul!ers: (qui perdent fouvent les affai– res publiques) anendu que gardant le célibat, comme ils font, rien ne les fur– vit après cerre vie que leurs ames, qui ne pouvant rhéfauriferen terre, les obli– gent à ne penfer ici bas en fervant leur ! ;l.oi & leur patrie, qu'à s'acquérir pour Jamais , là haut au ciel , une !;Iorieufe & du tour parfaire récompenfe. EnvJin les anciens conciles, auxmê– mes lieux où ils condamnent la licence des évêques qui abandonnent leurs trou– peaux ~our Cuivre la cour des princes & .;les Rois, en auraient-ils permis le fé– jour à ceux qui y (ont appellés par leurs c:ommandemens • & par la nécel!ité des !Eminentiffime '39~ affaires publiques , s'ils n'y étoient crn– pl"!yés lorfque les occurrences le rc~ qu1erent. Quelle app>rence y a-t-il de difpo– fer des biens qui appartiennent :i l'.é_glife en faveur de perfonnes profanes? N'eft– ce pa contre les regles de la jullice de donner au monde cc qui appartient ;l. Dieu , au lieu de fac ri fier à Dieu ce qui cil: au monde ? Il femble que donner une abbaye i un gentilhomme lai, ou la mettre ès mains de quelqu'un qui foie de religiori contraire à la nôtre, foit chofe qui porte peu de préjudice l l'églife : cependant il ell vrai, & cil aifé i connaître, que fa perce & fa ruine vient delà; en tant principalement que la préfenration de la plus grande port des cures de la Fran– ce ell annexée aux abbayes ; ce qui fait qu'étant poffédées par perfonnes de ces conditions , il ell: prefque impolliblc d'avoir de bons parleurs (qui toutefois font les vraies bafes qui fouriennent l'é· glife & la mainriennont en honneur.) Etant clair qu'un courtifan , ou autre plus lié :i Il terre qu'au ciel, aura peu de foin d'en choilir qui vivent felon Dieu ; & qu'un ennemi de notre créan– ce fe plaira à la décrier , en nous don– nant des hommes ignorans, & de vie fcandaleufe. En cela l'événement condamne le confeil; que V. M. y penfe, & qu'elle Cache, s'il lui plaît, que non feulement il y a abus à départir le bien de Dieu à. telles gens , mais en outre :i perfonnes de notre profellion , indignes de le pof· féder pour leurs mauvaifes mœurs & leur ignorance.Oui, SIRE, c'e!l un grand abus, abus qui tire après foi la perte d'un nombre infini d'ames, dont la vô– tre répondra un jour devantle rouverain juge des humains. On penfe dans le monde que pour– voir aux bénéfices foit un droit fort avantageux aux princes ; mais ce grand Saint d'entre nos Rois, dont V. M. por– te le nom , n'eut pas ce11e penfée, puif– qu'il ne voulut _point fe fervir de la bulle par laquelle le Pape lui en accordait le pouvoir ; & fi celui de fes fucceffeurs, qui ne fuivant pas fon exemple , accep– ta ce qu'il avait refufé, eut cette créan– ce pour un temps , il la perdit, lors qu'étant au lit de la mort, prêt à corn• paraître devant Dieu. qui juge les Rois • http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-13] Corpus | Histoire de Provence

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