Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 13
0 115 Evdque du Mans. char es ; & que pour nos fautes &_ tranr– greafons de fes commandemens, 11 per– met que [oyons méprifés prefque gené– ralement , & que de toutes parcs on en– treprend fur nos droits & fur nos biens : mais ce n'etl pas feulement contre nous qu'il en courroucé; le courroux etl: géné– ral contre le royJume, de quoi, outre les trois fléaux dont Commes châtiés de– puis plufieurs a_nnées, la plainre_qu'avo~.s :l. faire des ruines & profanations qu 11 fouffre être faires ès églifes & lieux dé– diés à fon fervice, lefquelles font telles quafi par-tout le roraume , & augmen– tent tellement, qu'i femble n'en avoir plus aucun foin, & les avoir abandon– nées , nous font affuré témoignage. J'ai ( dit-il par le Prophete ) delaiffé ma rnaifon, j'ai abandonné ma bien-aimée, lorfque par grande indignation il laiffa ce beau temple de Jérufalem en opprobre , conculcation , direption & proie aux gentils. Que nous peuvent dire autre chofe ces démolitions des belles & ma– gnifiques églifes , tant ès villes qu'aux champs , de plufieurs monafteres & lieux réguliers, bâtis pour la commodité & retraire des ferviteurs de Dieu , & le \'eu d'honneur & révérence qu'on porte a ce qui en en demeuré? C'etl: certaine– ment un grand opprobre à ce royaume, qui nous faifant paroître l'ire de Dieu , l'entretient & l'augmente.· C'etl: une grande pitié & mifere de voir ces mai– fons d'oraifon bâties pour y affe:nbler Je peuple, & là , avec toute dévotion & rnodet!ie, offrir fcs vœux & prieres à Dieu : ces maifons è!"quelles ne devrions jamais entrer ~u·avec révére11ce & crai11· re , être à prefent retraites de plufieurs fortes d'ordures & impiétés, être ordi– nairement fouillt'-es & pollues par les gens de guerre, lefquels y font des corps èe garde , font fervir les autels de rabics pour leurs gourmandifes & ivrognerie , logent les chevaux ,&qui pis ell, y com– mettent tant de vilenies , profanations & ordures, que j'en ai horreur feulement :au penfer. Les ornemens & meubles con– facrés & dédiés au faint fervice , déro– bés ou déchirés , les vaiffeaux facrés rompus , brifés & emportés , & (qui en l~ comble d'impiété ) quelquefois. le ~ré c1eux Corps de Notre Seigneur lette en terre, & baillé à fouler aux P.ieds des chevaux. Ce ne font pas des Payens & :Ethniques : ce n'etl: pas une arm~e .. ou M. D. XCVI. des troupes étrangeres de Scytes ou Of– trogots qui font ces chofes , cc font François, parlant même langage; ce font gens de guerre levés & conduits fous votre autorité, & par vos capitaines. Et s'il faut parler des perfonnes ,& du traitement qui fe fait aux curés & prêtres, tant ès villes qu'aux champs, laiffant pour le préfent à part les violences qui nous font faites en 1' occupJtion des bé– néfices, jouiffance des fruits, que plu– fieurs font contraints abandonner , dont il a été fou vent fait des plaintes que nous renouvelions en notre cahier. Les laif– fant donc, je dirai que contre tout droit, & les immunités accordées aux eccléfilf– tiques, on fait à la plûpart des villes nos maifons réceptacles de gens-d'armes, qui les occupent tellement , que Couvent n"avons où nous retirer; prennent fi peu de commodi~és que Dieu nous aura fait la faveur de recueillir pour paffer l'an– née en !"exercice de nos charges, & fommes contraints foutfrir en nos mai– fons des jureurs & blafphémarcurs du Nom de Dieu , des débauchés, qui bie11 Couvent ne portent refpetl ni à Dieu ni aux hommes. Aux champs , les maifons des pauvres curés & pri'trcs qui ont tant fait peu de provifions , font pleines de foldats : le condutl:cur des troupes y 'prend fun logis , & aux dépens de l'hô– te, fait bo11ne chere à fes compagnons ; & fi on veut leur dire quelque chofe, & le pauvre eccléfiat1ique s'en plaindre , il en chaffé de fa maifon , battu & outra– gé, avec mille opprobres , juremens & blafphêmes; de façon qu'ils font con– traints quitter & abandonner leurs bé– néfices, & le pluvre peuple demeure fans parure céletle, & adminitlrativn des faints facremens. Et après cela nous trouvons étrange qt1e les guerres contint1ent, que ces trou– pes là ne réfit1ent le plus fouvent contre d'autres beaucoup moindres, & que vos armées n'ayem point le fuccès qu'en at– tendez ? Je repréfenrerai , avec votre p~rmillion , une hit1oire , rapportée par Nicephore , de Procopius, qui en fort à propos fur ce fait. Les \'Vandales. cette nation fierc & barbare , qui a fou– droyé prefques toutes les provinces oc– cidentales, pris &pillé la ville de Ro– me ! éroi;nrv~nus fondre en Afrig_ue, & avo1ent etabli leur fiege royal à Cartha– ge ; continuant leurs entreprifes, fe déli- p . http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-13] Corpus | Histoire de Provence
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